Selon des révélations faites ce mardi 7 mars par le journal israélien Israël Hayom, et rapidement relayées par certains médias algériens, Israël serait en discussions avancées avec quatre pays musulmans afin qu’ils rejoignent les accords d’Abraham.
Ces accords, pour rappel, ont été signés en 2020-2021, sous l’égide des États-Unis, successivement par les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan, alors que l’Égypte et la Jordanie sont déjà liées par des accords de paix et des relations diplomatiques avec Israël depuis plus de 40 ans.
Les quatre nouveaux pays sollicités pour signer les accords d’Abraham sont la Mauritanie, le Niger, l’Indonésie et la Somalie. On s’attendait à voir dans cette liste l’Arabie Saoudite et la Tunisie, régulièrement annoncés comme imminents signataires des accords d’Abraham. Mais si le royaume wahhabite traverse actuellement une période de froid avec Washington, le pays de la révolution du Jasmin est, lui, plongé dans une profonde crise multiforme, aux lendemains incertains, due à la gestion autocratique et catastrophique imprimée par son président, Kaïs Saeïd, qui a complètement vassalisé la Tunisie à la junte algérienne.
Si la Somalie, encore meurtrie par le terrorisme mené par le violent groupe local des «Chebab» liés à Al-Qaïda, a besoin d’un coup de main économico-sécuritaire et donc de bonnes relations avec Israël et les USA, l’Indonésie serait ciblée à cause de son statut symbolique de plus grand pays musulman dans le monde avec ses 284 millions d’adeptes de l’Islam, alors que le Niger est un producteur d’uranium, un minerai qui pèse lourd dans le bras de fer «atomique» que se livrent Téhéran et Tel-Aviv.
Lire aussi : Israël-Soudan: visite d'une importante délégation israélienne à Khartoum
Plus particulier est le cas de la Mauritanie qui, sous la pression de l’administration Bill Clinton, est devenue en octobre 1999 le 3e pays de la Ligue arabe, à la suite de l’Egypte et la Jordanie, à nouer des relations diplomatiques avec Israël, après avoir ouvert une mission diplomatique à Tel-Aviv dès mai 1996.
Initiées par l’ancien président mauritanien Maâwiya ould Taya (1984-2005), ces relations seront rompues en 2010 pour servir à légitimer le coup d’État de 2009 initié par le général Mohamed Ould Abdelaziz contre le président démocratiquement élu, feu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Malgré cette rupture aux relents populistes, mais vivement saluée en Mauritanie, Ould Abdelaziz a toujours gardé des attaches avec Israël. Il a ainsi fait la part belle aux anciens diplomates mauritaniens à Tel-Aviv, dont deux ont régulièrement figuré dans ses différents gouvernements, l’un aux Affaires étrangères, Ahmed Ould Teguedi, et l’autre à la Justice, Dia Mokhtar Mallal.
D’ailleurs, Ahmed Ould Teguedi, ambassadeur de Mauritanie à Tel-Aviv de 1999 à 2009, a choisi le contexte de l’invitation de la Mauritanie à rejoindre les accords d’Abraham, pour publier, le 28 novembre dernier, ses Mémoires, intitulés Regards sur 34 ans de diplomatie mauritanienne (Éditions L’Harmattan), dont la majeure partie est consacrée à défendre le bien-fondé de l’établissement de relations diplomatiques entre la Mauritanie et Israël entre 1996 et 2010.
Lire aussi : Sénégal-Israël: le micro-jardinage enseigné à l’école pour initier élèves et parents à l’agriculture
Cet ancien conseiller à l’ambassade mauritanienne à Rabat au début des années 90 a également fustigé l’incompréhension qui a entouré ces relations, établies, selon lui, avec l’aval même de feu Yasser Arafat, ancien chef historique de l’Organisation de libération de la Palestine et ex-président de l’Autorité palestinienne. D’ailleurs, cet ancien diplomate mauritanien estime que sans la présence d’ambassadeurs arabes en Israël, aucune pression n’est possible sur ce dernier en vue de l’amener à instaurer une paix durable à travers la solution des deux États, palestinien et israélien, vivant côte à côte.
Il faut rappeler que les révélations du journal Israël Hayom interviennent au moment même où le président mauritanien vient d’achever une tournée de quatre jours dans trois capitales du Golfe (Doha, Abu Dhabi, Médine) du samedi 4 au mardi 7 mars. Il a particulièrement eu de longs entretiens, dimanche dernier, avec son meilleur ami au sein du monde arabe, le président émirati Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, grand défenseur des accords d’Abraham.