Depuis le 1er septembre dernier, les passagers détenant un passeport ivoirien sont obligés d’avoir un visa pour pouvoir se rendre au Maroc. Cette mesure, présentée par les autorités ivoiriennes comme un moyen de limiter l’afflux des migrants irréguliers et de lutter contre le trafic de nationalité, est autrement appréciée des demandeurs du visa. Les frustrations s’accumulent, et certains n’hésitent pas à exprimer leur mécontentement face à cette nouvelle procédure qui, selon eux, complique les déplacements vers le Maroc.
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«Je pense qu’il n’était pas nécessaire d’instauration du visa pour aller au Maroc. Depuis l’entrée en vigueur, nous sommes obligés de faire la queue chaque jour devant l’ambassadeur pour se faire établir un visa. Et ça fatigue», témoigne l’un d’eux.
Demandeuse de visa ivoirienne.
Pour comprendre la procédure de la demande, nous nous sommes rendus à l’ambassade du Maroc en Côte d’Ivoire sise dans la Commune de Cocody. Sur place Abdechakour Guenbour, chargé de mission adjoint à l’ambassade marocaine, explique les efforts fournis au quotidien par l’ambassade pour traiter les données afin de satisfaire au mieux toutes les personnes qui viennent effectuer la demande.
«Depuis l’instauration du visa, tout le personnel de l’ambassade est mis à contribution. Jusqu’à ce jour, nous avons reçu et validé au-delà de 1.500 demandes, délivré 860 visas et environ 300 ont été rejetées pour dossier incomplet.» Et de confier qu’«en moyenne 170 dossiers sont traités chaque jour dont 100 normaux et le reste reparti entre les étudiants et les officiels». Abdechakour Guenbour a tenu à rappeler que cette mesure a été prise «à la demande du gouvernement ivoirien. Nos frères ivoiriens sont toujours les bienvenus.»
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Un travail colossal qui demande beaucoup d’application et de temps. Ainsi, tous les services sont à pied-œuvre pour y arriver du fait de l’affluence qui règne chaque jour.
La mise en place de cette nouvelle mesure a eu un impact direct sur le flux de voyageurs ivoiriens vers le Maroc. Si certains choisissent d’autres destinations ou repoussent leurs voyages à une date ultérieure, d’autres, notamment les étudiants, se retrouvent bloqués. «Nous espérons une révision de cette décision dans les mois à venir», réclament les demandeurs. Et d’ajouter «que les autorités ivoiriennes doivent régler le problème des trafics de nationalités depuis la racine, notamment dans l’établissement des passeports. C’est de là-bas que vient le problème. L’instauration du visa n’as pas son lieu d’être.»
Le souhait des demandeurs est clair: un retour à la situation précédente, où les déplacements des Ivoiriens vers le Maroc se faisaient sans la contrainte du visa.
Depuis, les agences de voyages confirment la baisse «d’environ 30% des réservations pour le Maroc. Le processus décourage beaucoup de nos clients, surtout ceux qui voyagent pour des séjours courts», confie Solange Kouakou, directrice d’agence de voyages jointe au téléphone.
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Et le chargé de mission Adjoint du l’Ambassade du Maroc, d’indiquer, «il y a toujours eu d’affluence à notre niveau. Il y deux vols de Royal Air Maroc et un vol d’Air Côte d’Ivoire chaque jour. Donc, les vols suivent leur cours normal comme auparavant.»
En attendant une éventuelle révision de cette mesure, les Ivoiriens devront s’armer de patience et s’adapter aux nouvelles réalités. Le mécontentement des voyageurs montre cependant que la question du visa entre la Côte d’Ivoire et le Maroc traduit les impacts notables sur la vie des citoyens, témoigne des relations qui unissent les deux pays.
Cette introduction du visa est effective pendant une période expérimentale de deux ans, elle ne concerne ni les citoyens marocains désireux de se rendre en Côte d’Ivoire, ni les Ivoiriens détenteurs de passeports diplomatiques ou de service.