Sur les trottoirs de l’ancienne gare routière de Libreville, les kiosques des réparateurs de portables ou d’ordinateurs tournent à plein régime pour des pannes variées: problèmes d’écoute, de batteries, de surchauffes... Le regard rivé sur un portable dépouillé de sa coque, Emmanuel, 25 ans, fer à souder en main, envoie de petits coups de courant électrique sur la plaquette de l’appareil électronique. «Nous réparons les connecteurs de charge. Nous changeons d’écrans et nous essayons de réveiller les moteurs de téléphones. Lorsque les téléphones sont tombés dans l’eau, on fait un peu de chauffage comme vous le voyez avec ce matériel. Ça, c’est une pince à souder; lorsque le connecteur est abîmé, on l’utilise pour le souder. Nous sommes comme les médecins» déclare-t-il.
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Selon les statistiques publiées en 2023 par l’Agence de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP), le Gabon a franchi la barre des 3 millions d’abonnés à la téléphonie mobile. Derrière cette croissance accélérée du marché local de la téléphonie mobile se cache une niche d’opportunités d’affaires et de création de milliers d’emplois directs ou indirects.
Comme Emmanuel, plusieurs jeunes, sans emploi pour la plupart, dotés ou non de vagues connaissances en électronique, se sont reconvertis dans ce nouveau métier, profitant du boom de la téléphonie mobile au Gabon. À 36 ans bientôt, Joël se définit comme un génie de la réparation des téléphones, «Il y a des pannes qui sont mal expliquées par les clients. Quand nous ne comprenons pas de quoi il s’agit, nous nous référons à Internet pour trouver la solution. Là, je travaille avec un outil qui sert à démonter les écrans de téléphone. Il a un rouleau qui nous permet de sécher un téléphone tombé dans l’eau. Il y a aussi le fer à souder qui nous sert à souder les connecteurs de charge», explique-t-il.
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Mais ce métier n’est pas à l’abri des tensions entre réparateurs et clients. Jessy sort déçu d’une tentative de réparation de téléphone dans une échoppe proche de son quartier. Il espère trouver la solution à son problème chez Joël. «Il a gardé mon téléphone et mon argent. Pendant deux semaines, il n’a pas pu réparer mon téléphone. J’ai tout récupéré ce matin pour venir ici à la gare routière voir un autre réparateur.», espère-t-il.
Parfois, les petites idées mènent aux projets les plus ambitieux. Soufflant cette année ses 40 bougies dans un relatif anonymat, Raymond évolue dans un modeste atelier. Électronicien de formation, il est donc dans son domaine de compétence, la réparation d’ordinateurs. «Pour faire des réparations, il faut avoir une base, c’est-à-dire avoir une formation. Après, on développe les compétences, ceci nécessite la compréhension des composantes d’un ordinateur», explique-t-il devant un microscope