En crise économique aiguë, le Malawi a bénéficié d’un prêt conditionné du Fonds monétaire international (FMI). Entre autres recommandations de l’institution de Breton Woods, l’orthodoxie budgétaire, en contrepartie du déblocage d’un prêt de 175 millions de dollars dont le pays a grandement besoin.
Et ayant accepté le diktat du FMI, les autorités malawites ont souhaité donner l’exemple en annonçant une décision spectaculaire qui fait jaser dans le pays et ailleurs. En effet, afin de réduire le train de vie de l’Etat et requinquer les finances publiques, tous les déplacements des autorités à l’étranger sont formellement interdits jusqu’à nouvel ordre. «J’impose le gel de tous les voyages à l’étranger financés par l’Etat pour tous ses agents à tous les niveaux (…) jusqu’à la fin de l’année fiscale en mars», a laissé entendre le président du Malawi Lazarus Chakwera, dans une allocution télévisée dans la soirée du mercredi.
Cette décision est loin de plaire aux fonctionnaires dont certains profitaient de ces déplacements pour obtenir de conséquents frais de déplacement et faire du shopping de luxe dans les capitales occidentales.
Il ne s’agit pas de la seule mesure adoptée pour réduire le train de vie de l’Etat. En effet, le budget carburant mis à la solde des fonctionnaires de l’Etat sera aussi réduit de moitié.
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Reste que les dirigeants et fonctionnaires de l’Etat ne seront pas les seuls qui seront touchés par cette orthodoxie budgétaire. En effet, comme c’est souvent le cas, le FMI impose aussi aux pays qui sollicitent son assistance financière quelques remèdes connus dont la dévaluation est l’une des plus douloureuses pour les citoyens. Ainsi, le pays a aussi dévalué sa monnaie, le kwacha, de 44%.
Il faut désormais 1.700 kwaches pour acheter un dollar américain, contre 1.180 auparavant. Cette nouvelle dévaluation est intervenue après celle de mai dernier qui visait à faire face à la chute vertigineuse des réserves de change du pays, accroissant l’inflation et réduisant encore plus le pouvoir d’achat des citoyens.
Si la réduction du train de vie de l’Etat, et surtout le gel des déplacements des autorités et fonctionnaires, est bien accueilli, il est certain que la pilule est difficile à avaler pour une population déjà durement affectée par la crise économique et l’inflation. En effet, une dévaluation du kwacha d’une telle ampleur a des répercussions catastrophiques sur le pouvoir d’achat des Malawites. En plus, cette dévaluation va aussi aggraver le poids du service de la dette exprimé en monnaie locale.