Mozambique: installation du Parlement, l’opposition appelle à manifester

Les partisans de Venancio Mondlane lors de la campagne présidentielle.

Le 13/01/2025 à 07h24

Le Parlement issu des élections contestées du 9 octobre au Mozambique doit siéger pour la première fois lundi, et ce alors que le principal opposant Venancio Mondlane a appelé à de nouvelles manifestations pour dénoncer ce qu’il considère comme une élection «volée».

Après des mois de manifestations violentes, le Frelimo, aux manettes du pays lusophone d’Afrique australe depuis son indépendance il y a un demi-siècle, espérait une accalmie cette semaine avec l’installation du Parlement lundi, suivi de l’investiture mercredi de Daniel Chapo à la tête de l’Etat.

Mais «Venancio», comme l’appelle la rue, ne désarme pas, appelant à une mobilisation «pacifique» pour refuser une nouvelle fois des résultats électoraux selon lui biaisés par des institutions électorales et judiciaires trop proches du pouvoir.

Selon son propre décompte, il aurait obtenu 53% des voix à la présidentielle et serait le «président élu du peuple mozambicain».

Selon les résultats confirmés avant Noël par la plus haute cour du pays, le nouveau Parlement se compose ainsi: 171 pour le Frelimo, 43 pour Podemos, petit parti devenu la première formation d’opposition, ainsi que 28 sièges pour la Renamo, parti d’opposition historique issu de la guerre civile, ainsi que huit pour le MDM (opposition).

Les nouveaux parlementaires prêteront serment lors d’une cérémonie présidée par le président sortant, Filipe Nyusi, prévue à 10h00 (08h00 GMT).

La Renamo et le MDM ont fait savoir pendant le weekend qu’ils ne prendraient pas leurs sièges.

Pour la Renamo, «cette cérémonie constitue un outrage social et un manque de respect à l’égard de la volonté des Mozambicains», privés d’élections «libres équitables et transparentes», et le parti n’y prendra pas part, a expliqué dimanche son porte-parole Marcial Macome à la presse.

Le Frelimo va présenter le nom de l’actuelle ministre du Travail, Margarida Talapa, 62 ans, pour prendre la présidence de l’Assemblée, selon un communiqué du Parlement.

Venancio Mondlane, ancien parlementaire et chroniqueur télé de 50 ans, est rentré au Mozambique jeudi après deux mois et demi d’exil, dans un lieu tenu secret, car il craignait pour sa sécurité après l’assassinat de deux de ses proches en octobre.

«Grève nationale»

Des milliers de partisans dans la capitale Maputo ont fêté son retour mais ces manifestations de joie se sont rapidement transformées en affrontements avec la police anti-émeutes, faisant plusieurs morts.

Depuis octobre, les violences post-électorales - qui ont évolué vers une contestation plus globale du pouvoir et des dysfonctionnements de l’Etat dans ce pays pauvre et fortement inégalitaire - ont fait quelque 300 morts, selon une ONG mozambicaine.

Ces troubles pèsent sur l’économie, en perturbant notamment les échanges avec l’Afrique du Sud voisine, affectant le ravitaillement en essence, les transports ou l’industrie.

De lundi à mercredi, «ces trois jours sont importants pour décider ce que le peuple veut pour son avenir», a affirmé tard samedi l’opposant, très suivi sur les réseaux sociaux.

«Nous devons déclarer une grève nationale» et «paralyser les activités pendant ces trois jours».

«Lundi, nous devons brandir nos pancartes partout où nous nous trouvons pour manifester notre refus. Si l’Assemblée prête serment, c’est une trahison de la volonté du peuple», affirme-t-il encore.

«Manifestons contre l’investiture de ceux qui ont trahi la volonté du peuple lundi et contre ceux qui ont volé la volonté du peuple mercredi», martèle-t-il.

Venancio Mondlane s’était présenté à l’élection présidentielle en cavalier seul, adossé au parti Podemos.

A son arrivée à l’aéroport de Maputo jeudi, en costume chic, lunettes noires et un collier de fleurs blanches autour du cou, il s’était dit prêt à dialoguer avec le pouvoir.

S’adressant au Frelimo, face aux caméras de télévision, il avait déclaré: «Je suis donc ici, en chair et en os, pour dire que si vous voulez négocier (...), je suis là».

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/01/2025 à 07h24