VcLe projet de Constitution instaure un régime présidentiel avec un renforcement des pouvoirs exécutif du chef de l’État, un mandat présidentiel de 7 ans renouvelable une fois et un accès à la fonction de présidence de la république réservé désormais aux seuls Gabonais nés de père et de mère, eux-mêmes, nés Gabonais de père et de mère. À Libreville, comme dans le reste du pays, la pré campagne électorale pour ou contre le projet de nouvelle constitution est ouverte.
Le mouvement des souverainistes-écologistes, membre de la coalition pour la nouvelle république de Jean Ping est parmi les structures politiques déjà en ordre de bataille pour faire barrage au projet de la nouvelle loi fondamentale du Gabon. «On ne peut pas prendre à la légère la construction d’une nation en essayant d’écarter une catégorie de Gabonais sous prétexte qu’aux États-Unis où il y a 300 millions d’habitants nous avons quelques mesures... Mais ici c’est pas pareil, ici c’est le Gabon. Nous disons non à ce texte en l’état et ça n’a rien avoir avec Oligui-Nguema», précise Francis Aubame, président du Mouvement des Souverainistes.
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Tout en reconnaissant la légitimité du combat des opposants à la réforme constitutionnelle, les partisans du Oui au référendum militent en revanche pour une sortie rapide de la transition. Privat Ngomo, pense qu’aucun texte n’est jamais assez parfait.
«Pour que nous puissions à nouveau être un pays qui qui compte dans le concert des nations, il nous faut absolument avoir cette nouvelle Constitution, il faut donc voter oui...», lance, le conseiller du président de la transition. Monsieur Ngoma avoue son embarras devant le caractère discriminatoire de certains articles se rapportant à l’élection du président de la république. Mais pour lui «c’est peut être une étape nécessaire pour le pays», a-t-il renchérit.
C’est justement à ce niveau et bien malheureusement que le débat se focalise sur la scène politique. Pain bénit pour les critiques de la transition qui alertent sur un projet porteur de menaces sur la cohésion nationale. Alain Claude Billie Nze appelle à l’abandon d’un texte aux velléités d’exclusion. «On exclut les Gabonais de moins de 35 ans. Ceux-là sont assez vieux pour voter mais trop jeunes pour être candidats. On exclut les Gabonais âgés de 70 ans et plus. Ils sont assez jeunes pour voter, mais trop vieux pour être candidats...», déplore l’ancien Premier ministre, sur un ton ironique. Billie Nze invite le gouvernement à la sagesse en relançant la Consultation sur l’écriture d’une loi plus consensuelle.
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Les attaques contre la nouvelle Constitution s’intensifient depuis plusieurs mois. Une polémique qui est loin de décourager les soutiens de la transition. Michel Ella vient de participer à un rassemblement des partisans du Oui au référendum. Mais il émet des réserves sur le contenu du projet qui sera soumis à la sanction du peuple d’ici la fin de l’année. «Nous en appelons à quelques modifications notamment sur les critères d’éligibilité à la présidence de la république. Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on ne peut pas diriger notre pays. Nous comptons sur la bonne volonté des autorités pour revoir ces articles avant le choix final», a déclaré, ce citoyen engagé
À la lumière de ces différentes prises de position sur la problématique du projet de nouvelle constitution, le climat pré électoral semble déjà tendu. De son côté, le comité constitutionnel vient de lancer une campagne de sensibilisation pour inciter les populations à prendre une part active au référendum.
Dans un chronogramme initial publié en novembre dernier, un référendum est prévu en fin 2024 pour adopter une nouvelle Constitution, un nouveau code électoral et un code pénal fiable. La transition devrait prendre fin en août 2025 par des élections libres, crédibles et équitables, selon le chronogramme.