La crise politique s’aggrave entre la France et ses anciennes colonies du Sahel. Après les coups d’Etat au Mali, Burkina Faso et plus récemment au Niger, suivis par les départs effectifs des militaires français du Mali et du Burkina Faso et très prochainement du Niger, Paris se venge sur les populations de ces pays.
Ainsi, après l’intégration du Mali dans la zone rouge par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, se traduisant par l’arrêt de la délivrance de visas par les services consulaires de l’ambassade de France à Bamako, entrainant la réplique de Bamako qui a aussi suspendu l’octroi de visas aux Français qui souhaitaient se rendre au Mali, Paris vient de passer à une étape supérieure dans sa politique visant à réduire la mobilité des ressortissants de ses trois pays en ciblant cette fois-ci la communauté des étudiants.
Ainsi, selon Le Monde, fin août, «des étudiants de ces trois pays ont reçu un message du ministère des Affaires étrangères les informant de l’annulation de leur séjour en France en raison de la crise diplomatique en cours». «J’ai le regret de vous informer que nous annulons notre soutien pour votre séjour en France, toutes les prestations de Campus France sont annulées (billet d’avion, allocations et assurance santé)», lit-on de l’e-mail envoyé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
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Pour justifier sa décision, Paris se cache derrière la suspension de son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger, suite aux coups d’Etat perpétrés dans ces trois pays. Cet argument étant léger, Paris a aussi avancé une autre explication: «les services Campus France et visas ne peuvent plus fonctionner normalement», selon le ministère des Affaires étrangères.
Ce sont donc plusieurs dizaines d’étudiants de ces trois pays qui sont victimes de cette décision du ministère des Affaires étrangères français. Une annulation de visa que même le ministère de l’Enseignement supérieur français ne semble comprendre, en soulignant qu’«il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique».
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Pourquoi alors le ministère des Affaires étrangères a procédé à l’annulation des visas des étudiants? Il y a une contradiction entre les annonces du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui dit qu’«il n’est pas question de stopper des coopérations existantes avec les universités ou d’autres établissements scientifiques» et l’annulation des visas déjà obtenus par certains étudiants de ces trois pays.
«Il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique»
— Ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Une chose est sure, cette décision visant à restreindre la mobilité des étudiants des trois pays sahéliens intervient dans un contexte de dégradation des relations entre Paris et ces trois pays. Au Niger, les nouvelles autorités ont demandé à l’ambassadeur français de quitter le territoire. Après le refus de Paris d’accepter cette expulsion, les services de police nigérienne ont été instruits afin de procéder à son expulsion. Et depuis l’expiration de l’ultimatum accordé au diplomate français pour quitter le pays, l’ambassadeur vit reclus dans l’enceinte de l’ambassade de France à Niamey.
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A noter tout de même que, selon Le Figaro, les bourses accordées aux étudiants de ces trois pays déjà présents sur le territoire français restent actives. Actuellement, la France compte actuellement 6.700 étudiants de ces trois pays -3000 maliens, 2500 burkinabè et 1200 nigérians- dans ses établissements supérieurs (université et grandes écoles).
Une chose est sure, cette nouvelle mesure prise par la France à l’encontre des étudiants va accroître le ressentiment anti-français au niveau de ces trois pays et même au-delà.