Présidentielle en Mauritanie: l’opposition face à l’écueil des parrainages

Heyba ould Cheikh Sidati, directeur de l’agence d’informations Al Akhbar.

Le 12/05/2024 à 10h54

Pour s’assurer un candidat au second tour de la présidentielle du 29 juin, l’opposition a adopté une stratégie qui ne semble pas sans risques. Ils seront nombreux à vouloir se mesurer au président sortant, Mohamed Cheikh el Ghazouani. Mais l’obligation des parrainages ne semble jouer en faveur des opposants.

C’est dans un peu plus d’un mois que les Mauritaniens seront appelés aux urnes pour élire leur président pour les cinq prochaines années. La mouvance présidentielle, ralliée par quelques partis et personnalités de l’opposition, a annoncé son soutien au président sortant pour un second mandat consécutif.

De son côté, l’opposition se présente à ce scrutin avec plusieurs candidats, au lieu ou à défaut, d’un consensus autour d’un candidat unique. Chaque candidat de l’opposition doit signer une charte d’honneur, qui l’engage à demander à ses électeur de reporter leurs voix en faveur de l’éventuel candidat de l’opposition qualifié au deuxième tour.

Heyba ould Cheikh Sidati, directeur de l’agence d’informations Al Akhbar relève «la particularité d’une scène politique, avec un fort potentiel électoral favorable à l’opposition, combiné à un déficit de leadership chez les partis et personnalités politiques, capables de capitaliser cette opportunité en termes de gains électoraux».

Face à cette multitude de candidats se dressera l’obstacle des parrainages. Selon la loi chaque candidat à la magistrature suprême doit présenter le parrainage de 5 maires et de 95 conseillers municipaux.

Or, «en dehors des islamistes de Tawassoul (première force de l’opposition), de Biram Dah Abeid, dirigeant anti-esclavagiste, Me El Id, candidat d’une partie la Coalition Espoir Mauritanie et du candidat Bâ Mamdou Bocar de l’AJD/MR, il est difficile de se prononcer sur les chances des autres candidats», explique Heyba ould Cheikh Sidati.

Pour sa part, Jedna Deida, directeur de La Dépêche semble très peu convaincu de l’efficacité de cette inflation de candidatures au sein d’une opposition qui fait face à un candidat fort de l’appui de tous les segments de l’Etat et de la société.

Une stratégie qui a peu de chances de porter ses fruits, selon l’homme des médias, en raison de la faible probabilité d’un deuxième tour mais qui reste toutefois possible. Il dit d’attendre à de nombreux recalés faute de parrainages et attends la liste finale finale du Conseil constitutionnel, qui devrait entraîner une reconfiguration des alliances au sein de l’opposition.

Mais le parrainage semble hors de la portée des candidats qui souhaitent faire barrage à l’actuel chef de l’Etat. Lors des élections générales de mai 2023, le parti au pouvoir, Insaf, a remporté 230 communes sur les 238 possibles. Il ne reste donc à l’opposition que 8 maires.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 12/05/2024 à 10h54