RDC: en pleine campagne électorale, le M23 prend une ville au nord de Goma

Un convoi de soldats des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) dans le village Idohu sur l'axe Beni-Komanda, le 19 mars 2022.

Un convoi de soldats des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) dans le village Idohu sur l'axe Beni-Komanda, le 19 mars 2022.. AFP or licensors

Le 25/11/2023 à 08h29

Les rebelles du M23 ont pris jeudi le contrôle de Mweso, ville stratégique située à une soixantaine de km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris vendredi de sources locales.

Joints au téléphone par l’AFP, plusieurs habitants de Mweso ont confirmé que la rébellion du M23 («Mouvement du 23 mars»), soutenue par le Rwanda selon de nombreuses sources, contrôlait la ville vendredi matin, après plusieurs jours de combats.

«Les activités ont repris à Mweso mais sous contrôle des M23», a ainsi témoigné un habitant Chrétien Marame. Selon les témoins interrogés par l’AFP, l’armée congolaise et ses milices supplétives ont quitté la ville vers le nord.

«Nous avons fini par céder la cité», a confirmé à l’AFP Marcellin Shenkuku, porte-parole du NDC-R (Nduma Defence of Congo-Rénové), un des groupes armés qui appuient les militaires congolais dans leur tentative de reconquête des territoires.

Après six mois d’un calme relatif, de violents combats ont repris début octobre entre la rébellion et l’armée alliée à des groupes armés dits «patriotes».


Le M23 semble depuis réoccuper peu à peu les positions qu’il avait quittées et les combats se rapprochent de Goma, la capitale provinciale coincée entre le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l’est, et dont la population est estimée à plus d’un million d’habitants.

Vendredi soir, l’armée congolaise n’avait pas communiqué sur la situation à Mweso.

Aucun bilan des récents combats n’est disponible mais devant l’hôpital général de Goma, des véhicules de l’armée sont venus plusieurs jours de suite récupérer des dépouilles dans des cercueils, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Cette recrudescence des hostilités se déroule en pleine campagne pour l’élection présidentielle prévue le 20 décembre.


Mi-novembre, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé que ces élections ne pourraient avoir lieu dans les territoires de Masisi et Rutshuru (Nord-Kivu) - où le M23 opère et où Mweso est située -, après le lancement d’une contre-offensive militaire début octobre qui a fait long feu.

Vendredi, à Genève, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Unicef ont exprimé leurs «vives inquiétudes face aux souffrances infligées aux civils» dans l’Est de la RDC.

Selon ces deux agences humanitaires de l’ONU, 450.000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons au cours des seules six dernières semaines, dont environ 200.000 «sont actuellement isolées, sans ressource» et «coupées de toute assistance humanitaire».

«Le blocage des routes entrave non seulement l’acheminement de l’aide humanitaire», ajoute le communiqué conjoint, «mais accroît également la vulnérabilité des populations déplacées, les privant de ressources essentielles et de protection».

La RDC enregistre aujourd’hui près de 7 millions de personnes déplacées, principalement dans l’est.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/11/2023 à 08h29