Il est l’un des 23 candidats en lice - trois l’ont rallié ces derniers jours - pour l’élection présidentielle prévue le 20 décembre, et le premier à se rendre dans la capitale du Nord-Kivu, épicentre de violences et de crises humanitaires à répétition depuis près d’une trentaine d’années.
La campagne se déroule dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement tendu. Des affrontements armés et des massacres ont lieu ces dernières semaines dans plusieurs territoires de l’est du pays, dont certains habitants savent déjà qu’ils ne pourront pas voter, suite à l’annonce faite mi-novembre par le président Félix Tshisekedi sur France 24 et RFI après une contre-offensive militaire qui a fait long feu.
Jeudi, à la tombée du jour, quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans un stade de Goma pour écouter le candidat Katumbi, homme d’affaires fortuné, patron du club de football renommé «Tout Puissant Mazembe» et ancien gouverneur (2007-2015) de la province minière du Katanga, poumon économique du pays.
Aux abords du stade, Zéphanie Mayolo, 33 ans, est venu «écouter le discours du candida» pour voir «ce qu’il va apporter dans notre pays».
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Ce chauffeur de moto-taxi dit ne pas avoir encore choisi son favori mais demande à tous les prétendants «à la magistrature suprême» de «restaurer la sécurité dans notre pays et particulièrement dans notre province du Nord-Kivu».
«Cinq milliards de dollars!»
Depuis début octobre, des combats engageant des troupes au sol, de l’artillerie et des avions de chasse ont repris autour de la ville de Goma et dans les montagnes plus au nord.
D’un côté, l’armée congolaise, épaulée par des centaines de miliciens et deux sociétés militaires privées étrangères. De l’autre, la rébellion du M23, renforcée en hommes et en armes par le Rwanda voisin.
Le président rwandais «Paul Kagame envoie ici ses hommes pour tuer et massacrer sous l’œil impuissant de la communauté internationale», dénonce Zéphanie Mayolo, entouré d’un groupe d’hommes qui acquiescent à chacun de ses propos.
Des experts de l’ONU, ainsi que plusieurs pays occidentaux, dont la France et les Etats-unis, ont dénoncé depuis fin 2022 le soutien du Rwanda au M23.
Depuis le retour en force des rebelles fin 2021, l’administration et l’armée congolaises se sont faites chasser par le M23 de pans entiers des territoires de Rutshuru et Masisi - où l’élection n’aura pas lieu -, au nord de Goma.
L’ONU estime que plus d’un million de personnes ont fui les affrontements et l’avancée de la rébellion et des soldats rwandais.
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Plus au nord, dans la province de l’Ituri, où s’est rendu Moïse Katumbi la veille, c’est près d’1,7 million d’habitants qui ont fui leurs villages à cause de massacres perpétrés par différents groupes armés au cours des cinq dernières années.
«Cinq milliards de dollars!», c’est ce que promet Moïse Katumbi devant une foule enthousiaste pour créer «un fond spécial pour le Nord-Kivu et l’Ituri» et aider «les déplacés qui sont en train de mourir».
«J’attends de Katumbi qu’il termine la guerre à l’est », lance Gabriel Matofali, présent dans la foule. «La paix, et l’évolution du pays», renchérit Evariste Subu Ngoy, un autre habitant de Goma.
La RDC est une des nations les plus pauvres au monde avec les deux tiers de sa population (autour de 100 millions d’habitants) qui vit avec moins de 2,15 dollars américains par jour.
Le pays est pourtant régulièrement décrit comme un «scandale géologiqu», tant son sous-sol regorge de richesses (cuivre, cobalt, or, diamants, uranium, coltan, étain...).
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«Nous avons tout ce qu’il faut ici», rassure Moïse Katumbi, debout sur une estrade installée pour l’occasion. «Nous n’allons plus importer»
Pendant près d’une demi-heure, en swahili (langue parlée dans l’est de la RDC et certains pays d’Afrique de l’Est), le candidat a taclé, parfois vertement, le président Tshisekedi et le bilan de ses cinq années au pouvoir.
Face au volcan Nyiragongo qui surplombe la ville, ancien fleuron du Parc des Virunga avant qu’il ne soit devenu inaccessible par la présence du M23 et de milices locales - et la dernière éruption de 2021 -, Moïse Katumbi veut faire rêver son public et promet qu’un jour «tous les touristes viendront ici, à Goma».