Mercredi soir, des tirs de mortiers et des rafales d’armes automatiques résonnaient dans la périphérie sud de Bambo, gros bourg du territoire de Rutshuru situé à environ 60 km de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Jeudi midi, des obus ont atteint le centre-ville et des milliers d’habitants, pris de panique, ont commencé à courir en direction du nord, pour rejoindre les zones sous contrôle gouvernemental.
«Nous sommes à Bambo qui vient de tomber, nous continuons à nous battre mais les rebelles sont nombreux dans la cité», a dit une source sécuritaire interrogée par téléphone.
Mais des centaines de militaires, policiers et miliciens ont été vus se joignant à la population qui tentait d’échapper aux combats.
Dusabe Ngurikiye, 37 ans, a fui avec son paquetage sur la tête. «Mais je ne sais pas où sont mon mari et mes sept enfants», s’inquiète la mère de famille, affolée.
«Quand les bombes sont tombées en ville, tout le monde a fui dans des directions différentes». «Nous ne savons pas où nous allons maintenant! Où va-t-on dormir?», s’interroge un groupe de déplacés, à une dizaine de km au nord de Bambo.
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Selon la coordination humanitaire des Nations unies, près de 200.000 personnes auraient fui leurs maisons depuis la reprise des combats début octobre, après six mois de calme relatif, entre la rébellion du M23 d’une part, l’armée congolaise (FARDC) et des groupes armés dits «patriotes» («wazalendo») d’autre part.
Ils s’ajoutent aux centaines de milliers d’autres déplacés chassés de chez eux depuis que le M23 («Mouvement du 23 mars»), soutenu par le Rwanda selon de nombreuses sources, a repris les armes, en novembre 2021, après plusieurs années de sommeil.
En fin d’après-midi, joints par téléphone, des personnels soignants déclaraient être confinés dans l’hôpital de Bambo, alors que des déflagrations résonnaient en arrière-plan.
Bambo avait été prise par le M23 en novembre 2022. Un village proche, Kishishe, avait été le théâtre d’un massacre attribué à la rébellion. En avril, sans raison apparente, le M23 s’était retiré et restait depuis à une vingtaine de km.
Plus au sud, de violents combats ont éclaté mardi vers Kibumba, à environ 20 km de Goma, et se sont poursuivis jeudi, selon des sources civiles et sécuritaires. «Les bombardements continuent, les détonations font peur à la population», a déclaré un représentant de la société civile.