Au Togo, où Faure Gnassingbé, président depuis 2005, a récemment consolidé son pouvoir grâce à une réforme constitutionnelle, les manifestations sont interdites depuis 2022, après une attaque meurtrière au grand marché de Lomé. Les meetings restent autorisés.
Dans un communiqué transmis à l’AFP dimanche, un regroupement de partis politiques de l’opposition et de la société civile, le Front «Touche pas à ma Constitution», a affirmé «condamner avec la plus grande fermeté les arrestations massives et arbitraires perpétrées les 5 et 6 juin 2025».
Ces arrestations «sont l’expression d’un pouvoir aux abois qui préfère la violence à l’écoute, la répression à l’apport de solutions aux préoccupations des citoyens», a-t-il estimé, exigeant «la libération immédiate de tous les détenus politiques».
Le groupe a publié une liste de sept noms de personnes arrêtées, qui n’est pas exhaustive selon lui.
Y figure notamment un médecin, dont l’arrestation a été également dénoncée par le Conseil de l’Ordre national des médecins.
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«Il est détenu dans un groupement de la gendarmerie nationale. Pour le moment, nous ne sommes informés d’aucune des charges retenues contre lui, ni des conditions dans lesquelles il est détenu», a précisé l’Ordre dans un communiqué.
Contacté par l’AFP dimanche, le ministère de la Sécurité n’était pas immédiatement joignable.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, jusque dans la matinée, quelques dizaines de manifestants ont été dispersés au gaz lacrymogène par la police dans différents quartiers de Lomé, notamment près de la présidence.
Des journalistes qui couvraient les manifestations ont été brièvement interpellés et contraints par les forces de l’ordre d’effacer leurs images.
Les manifestants s’exprimaient contre des arrestations de voix dissidentes, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle.
Ils répondaient notamment à un appel à manifester le 6 juin, lancé par un rappeur critique envers le pouvoir, Aamron, pour célébrer de façon ironique l’anniversaire de Faure Gnassingbé.
La mobilisation s’est intensifiée après l’arrestation d’Aamron fin mai à son domicile - le jour de la publication de son appel à la mobilisation - et sa réapparition dans une vidéo jeudi.
Dans cette vidéo, il s’est excusé envers Faure Gnassingbé et a dit avoir été «transféré» en hôpital psychiatrique pour «dépression aggravée».