Veille de référendum au Gabon: virée dans les bureaux de vote de Libreville

Des citoyens viennent retirer leurs cartes d'électeurs dans un bureau à Libreville.

Le 15/11/2024 à 10h55

VidéoPrès d’un million d’électeurs gabonais sont appelés aux urnes ce samedi 16 novembre pour se prononcer sur la Constitution souhaitée par le président de la transition, le général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema. À la veille de ce scrutin référendaire, les électeurs se bousculent devant les centres d’inscription pour récupérer la carte d’un vote qui divise l’opinion depuis de nombreux mois.

«Je n’ai pas eu de difficulté pour retrouver ma carte, je connaissais déjà mon bureau et mon centre», affirme, l’air serein, Firmin Ebolo, déjà prêt pour le référendum de ce samedi. Ce référendum est une étape clé du retour au régime civil promis par les militaires après leur coup d’Etat en août 2023.

Le ministère de l’Intérieur à mis en place des dispositifs de distribution de cartes d’électeurs dans les mairies du Gabon et ses missions diplomatiques et consulaires. Ce mécanisme vise à faciliter l’accès aux cartes d’électeurs et à inciter les citoyens à accomplir leur devoir civique.

Mais en parcourant le listing affiché dans cette mairie du 2ème arrondissement de Ntoum, 40 Kilomètres de Libreville? où il est régulièrement inscrit, Brice Idoundou vient de relever une anomalie. «Ce qui nous embête c’est que on nous a fait comprendre qu’on ne retrouverait plus des noms de personnes décédées sur les listes électorales comme cette femmes décédée à Nkoltang mais qui se trouve sur la liste», constate-t-il, amèrement.

Une irrégularité derrière laquelle se joue la crédibilité d’une partie du processus électoral. À cela s’ajoutent des plaintes sur des inscriptions qui n’apparaissent pas sur le fichier électoral. Madame Moubiya risque de manquer le rendez-vous électoral de ce week-end. Car en cette veille d’élection, son nom, après vérification, se retrouverait dans l’un des centres de la commune de Lambaréné située à 300 Km de Libreville. «L’année dernière je n’avais pas voté. Cette fois-ci encore je risque de ne pas le faire. Je tourne sur place pour chercher mon nom. Maintenant je fais comment? Qu’est ce qu’il faut faire pour que je vote?», se demande la sexagénaire.

Pourtant, le gouvernement a insisté sur l’importance de cette étape pour un référendum inclusif, invitant chaque électeur à se rendre dans les sites de retrait les plus proches de leur domicile. «Il y a des gens qui arrivent sachant qu’ils ne sont pas inscrits au 3ème arrondissement, mais qui vous disent quand même qu’ils ne retrouvent pas leurs noms. Mais lorsqu’on vérifie dans la base de données on constate qu’ils sont inscrits ailleurs...», précise, Maurice Obiang Ondo, Superviseur du centre d’inscription du 3ème arrondissement de Libreville.

Ce processus de distribution de cartes d’électeurs est une étape clé dans la préparation de ce scrutin, qui suscite une attention particulière et des attentes élevées au sein de la population. En dépit des appels du gouvernement au retrait des cartes, des centaines de citoyens ont attendu les dernières heures de l’opération pour récupérer leur document du vote.

La nouvelle loi fondamentale, fruit du dialogue national en avril, consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre, et l’impossibilité d’une transmission dynastique du pouvoir.

Environ 860.000 électeurs sont invités à se déplacer dans les 2.800 bureaux de vote du pays. Un budget de 27 milliards de francs CFA (plus de 41 millions d’euros) a été prévu pour l’organisation de la consultation dans le projet de loi de finances 2024.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 15/11/2024 à 10h55