Villes apprenantes de l’Unesco: voici les deux cités africaines dans le Top 10 mondial

Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir au Maroc.

Le 06/12/2024 à 09h19

Grâce à des initiatives novatrices alliant éducation, autonomisation économique et développement durable, deux villes africaines se hissent au rang des plus apprenantes au monde.

Dans le prestigieux classement des Unesco Learning City Awards 2024, deux villes africaines se démarquent par leurs accomplissements remarquables en matière d’apprentissage tout au long de la vie: Bouaké, ville située au Centre de la Côte d’Ivoire et Benguerir au Maroc.

Entendez par «apprentissage tout au long de la vie», une approche holistique qui vise à offrir des opportunités d’éducation et de formation à tous les citoyens, quel que soit leur âge, leur genre ou leur statut socio-économique. Cela implique la mise en place d’un écosystème d’apprentissage intégré, allant de l’éducation de base à l’enseignement supérieur, en passant par la formation professionnelle, le développement des compétences, l’alphabétisation des adultes et l’acquisition de connaissances pratiques par le biais d’activités culturelles, sportives et communautaires.

L’apprentissage tout au long de la vie vise à autonomiser les individus, à favoriser leur épanouissement personnel et professionnel, à stimuler leur participation active à la société et à promouvoir le développement durable des communautés urbaines.

Pour les maires de ces deux villes, figurer parmi les 10 lauréats mondiaux témoigne de l’engagement indéfectible de ces cités à promouvoir l’éducation inclusive, durable et innovante pour tous leurs citoyens. Le succès de Bouaké et Benguerir repose sur une approche participative impliquant toutes les parties prenantes. À Benguerir, un comité de pilotage présidé par le Gouverneur réunit les autorités locales, les institutions éducatives et les acteurs clés pour superviser la mise en œuvre des politiques d’apprentissage. Idem pour la ville ivoirienne. «A Bouaké, nous avons misé sur des partenariats stratégiques à l’échelle nationale et internationale pour stimuler notre écosystème d’apprentissage», souligne Amadou Koné, Maire de Bouaké.

L’émancipation des femmes figure en tête des priorités. Bouaké a créé un fonds dédié permettant à plus de 450 femmes d’accéder à des microcrédits pour développer des activités génératrices de revenus. Parallèlement, des programmes de formation professionnelle leur ouvrent la voie vers l’indépendance économique. À Benguerir, des initiatives ciblées comme un programme d’alphabétisation favorisent l’inclusion des femmes dans la société.

Éducation verte, inclusion des groupes marginalisés

Face aux défis environnementaux, ces villes positionnent l’éducation comme un levier de développement durable. Le Réseau de Promotion de l’Économie Verte de Bouaké a formé 500 jeunes aux métiers de l’agroécologie urbaine et de l’économie circulaire. Le projet «Bouaké Ville Durable» a quant à lui outillé 600 jeunes, dont 40% de femmes, pour des carrières vertes. Benguerir mise également sur la mobilité électrique avec son initiative POGO qui a permis d’économiser 90 tonnes de CO2.

Bouaké et Benguerir œuvrent pour une éducation accessible à tous. Benguerir a atteint un taux d’intégration de 100% des enfants non-verbaux dans les écoles publiques grâce à un centre spécialisé. La ville a également créé une « École de la Deuxième Chance » permettant à 359 décrocheurs scolaires de se réinsérer et d’acquérir des qualifications professionnelles.

Ressources financières dédiées, engagement communautaire

Le financement constitue un pilier essentiel et un défi de taille pour la mise en œuvre réussie des stratégies d’apprentissage dans les villes. Bouaké et Benguerir ont su relever ce défi en mobilisant des ressources financières conséquentes et diversifiées, démontrant leur détermination à investir durablement dans le capital humain.

À Benguerir, la municipalité a fait preuve d’un engagement budgétaire remarquable en augmentant de 164% les fonds alloués à l’apprentissage tout au long de la vie pour l’année 2024. Cette enveloppe substantielle témoigne de la priorité accordée à l’éducation dans les plans de développement de la ville. Un tel effort financier permet de consolider les initiatives existantes et d’en lancer de nouvelles, touchant un large éventail de bénéficiaires.

Quant à Bouaké, la ville a su tirer parti de partenariats stratégiques, notamment avec l’Union européenne, pour financer ses ambitieux programmes. Le projet phare «Bouaké Ville Durable , cofinancé par l’UE, illustre cette approche gagnante. Grâce à un financement annuel de 160.000 euros, les comités de quartier disposent de ressources dédiées pour mettre en œuvre des plans d’action locaux axés sur l’apprentissage et le développement durable. Cette décentralisation des fonds favorise une appropriation citoyenne et répond aux besoins spécifiques de chaque communauté.

Au-delà des fonds publics, ces villes ont su attirer des investissements privés et de la société civile. À Benguerir, des acteurs comme l’Université Mohammed VI Polytechnique contribuent activement. À Bouaké, le Réseau de Promotion de l’Économie Verte octroie des subventions aux initiatives vertes portées par des jeunes et des entreprises locales.

Cette mobilisation financière multi-sources reflète une vision holistique où l’apprentissage tout au long de la vie est perçu comme un investissement rentable pour le progrès socio-économique. En allouant des ressources substantielles, Bouaké et Benguerir jettent les bases d’un avenir plus équitable, durable et prospère pour leurs citoyens.

Au cœur de leurs stratégies, ces villes valorisent l’implication citoyenne. Bouaké organise régulièrement des ateliers de sensibilisation sur les compétences numériques, l’entrepreneuriat et la préservation de l’environnement. Benguerir a converti des espaces publics en lieux d’apprentissage intergénérationnels, renforçant le lien social.

Fortes de leurs réussites, les villes de Bouaké et Benguerir ambitionnent d’aller plus loin. Bouaké vise à intégrer davantage de jeunes dans les filières vertes et à soutenir 500 étudiants défavorisés par an. Benguerir compte poursuivre le développement d’espaces d’apprentissage communautaires novateurs.

En somme, le parcours inspirant de ces cités récompense des années d’efforts visant à démocratiser les opportunités éducatives. Leurs approches globales et participatives, mêlant éducation, autonomisation économique et développement durable, en font des modèles à suivre pour bâtir des sociétés du savoir inclusives et résilientes.

Par Modeste Kouamé
Le 06/12/2024 à 09h19