Sénégal. 4e visite d'Erdogan à Dakar: un ami qui se veut beaucoup de bien

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Le 28/01/2020 à 17h50, mis à jour le 28/01/2020 à 17h56

Le président Turc, Recep Tayyip Erdogan est à Dakar depuis lundi soir, pour une visite ce mardi, avec une très forte délégation composée de plusieurs de ses ministres.

Soit Recep Tayyip Erdogan aime bien le Sénégal, soit il est très ami avec le président Macky Sall, soit encore il a beaucoup d’intérêts au pays de la Teranga. Il y a un peu des deux premières raisons, et beaucoup de la troisième.

Pour la quatrième fois et la deuxième en moins d’une année, Recep Tayyip Erdogan est en visite officielle à Dakar. Le Sénégal devient ainsi l’un des pays africains les plus visités par le président turc.

Chaque fois qu’il débarque à Dakar, il y a une grande raison, généralement économique, mais souvent politique.

Cette fois, il vient avec son ministre des Affaires étrangères, ceux de la Défense, de l’Industrie et de l’Energie, quatre des plus importants membres du gouvernement turc. Ils étaient avec lui à Alger, mais s’ils ont poursuivi la tournée sur Dakar avec leur chef de l’Etat, c’est parce qu’il y a de solides raisons.

Contrairement à Alger, où la question libyenne était mise en avant, à Dakar, c’est l’économie qui prime, alors que cette question géostratégique, bien qu’importante, sera reléguée au second plan.

Dakar s’apprête à octroyer le marché de construction du complexe Olympique de Diamniado devant accueillir les Jeux olympiques de la Jeunesse en 2022, dans moins de deux ans. Les Turcs ne voudraient pas que leur échappe ce marché de près de 300 millions de dollars. Le gouvernement du Sénégal vient de signer la semaine dernière une convention de financement avec la Standard Chartered Bank à Londres portant sur un prêt de 238 millions d’euros.

Les entreprises turques qui ont livré, il y a moins de 18 mois, Dakar Arena, un complexe sportif à Diamniadio dédié au basketball et aux sports en salle, savent que le gouvernement sénégalais pourrait encore compter sur eux.

Il faut dire que chaque fois que les délais sont courts, le président Macky Sall n’hésite pas à faire appel à eux. Cela avait également être le cas pour terminer la construction de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass.

Toujours sur le plan économique, Tosyali, une entreprise turque de sidérurgie, présente notamment en Algérie, a signé une convention avec le gouvernement sénégalais pour l’exploitation des gisements de fer de la Falémé, situés à l’extrême sud-est du pays. Cet accord comprend également la mise en place d’un complexe sidérurgique de premier plan au niveau du port minéralier de Sendou, actuellement en construction.

Sur le plan géostratégique, le président turc ne manquera pas d’évoquer la question libyenne qui l'intéresse tant. Ankara, qui a déjà commencé l’envoi de ses troupes à Tripoli, espère obtenir le soutien de Dakar, notamment pour plaider sa cause auprès de l’Union africaine.

Il faut dire que le président Erdogan ne s’est jamais privé de formuler de pareilles demandes chaque fois qu’il le juge nécessaire. Il y a trois ans, il avait forcé la main à Dakar pour la fermeture des écoles du réseau de Fethallah Gül, l’un de ses farouches opposants exilés aux Etats-Unis. Dakar avait favorablement accédé à sa demande, malgré l’opposition des parents d’élèves.

Erdogan est décidément un grand ami du Sénégal, qui veut beaucoup de bien aux entreprises de son pays, tout en ne cachant pas son vorace appétit pour les ressources des pays africains, comme le gaz libyen et le fer sénégalais.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/01/2020 à 17h50, mis à jour le 28/01/2020 à 17h56