Sénégal. Internet partout et pour tous: le projet fou d'un Sénégal à deux vitesses

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Le 11/01/2017 à 19h05, mis à jour le 11/01/2017 à 19h31

Permettre à chaque Sénégalais, où qu’il soit, d’avoir accès à internet, c’est le pari fou que s’est lancé le ministère des postes et des télécommunications du Sénégal. Pour ce faire, il se donne moins d'une dizaine d'années, mais son budget pharaonique suscite un vif débat.

Yaya Abdou Kane, le ministre des Télécommunications veut inscrire son nom sur le marbre ou plutôt sur la toile. Il veut lancer un projet pharaonique consistant à offrir un accès à internet à l'ensemble des Sénégalais, quel que soit l'endroit de résidence, d'ici 2025, soit dans huit ans. Pour ce faire, l'Etat devrait mettre la main à la poche et débourser sur cette période quelque 1350 milliards de FCFA, soit quelque 2 milliards d'euros. 

Celui qui faisait face aux députés sénégalais, dans le cadre de la séance plénière relative au vote du projet de loi 39/2016 portant code des télécommunications, a semble-t-il déjà tout planifié pour atteindre son objectif. «L’Etat va recourir à des fournisseurs d’accès pour respecter les délais», a-t-il affirmé. 

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Toutefois, en dehors de la faisabilité, ou encore du respect de la date indiquée, une autre question se pose: celle de l’opportunité d’un tel financement. Investir plus de 2 milliards d’euros en moins de 10 ans pour connecter des villes ou la majeure partie de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté.

Plusieurs Sénégalais interrogés sur la question estiment que les priorités sont ailleurs. C’est le cas de Adama Traoré, étudiant en licence d’anglais à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon lui, «la connexion internet est mieux à Dakar que dans les régions, mais avec la concurrence, les différents operateurs Mobile offrent un service acceptable». Selon lui le gouvernement ferait mieux "de financer l’auto-emploi à la place de ce projet, qui ne servira à rien si la majeure partie des Sénégalais se connectent à internet le ventre vide».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 11/01/2017 à 19h05, mis à jour le 11/01/2017 à 19h31