Sénégal. Après 60 ans d'importation, on découvre les dangers du riz asiatique

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Le 05/04/2017 à 11h12, mis à jour le 05/04/2017 à 13h47

Au-delà de deux ans de stockage, le riz importé libère des substances chimiques et biochimiques nuisibles à la santé, selon le DG de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA). Un argument qui pourrait inciter les ménages à privilégier le riz local, cultivé en suffisance.

Le débat sur l’autosuffisance en riz refait surface. En conférence de presse au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), Dr Alioune Fall, DG de l'Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) a presque supplié les Sénégalais de consommer le riz produit dans le pays. Il a également attiré l’attention des importateurs et des commerçants qui doivent se montrer plus exigeants dans le choix des stocks de riz importé avant de les mettre dans le marché.

En termes de qualité, le riz local est bien meilleur que le riz importé, insiste l'expert et patron de l'ISRA. «Paradoxalement, sur les cinquante mille tonnes de riz produites chaque année au Sénégal, les populations n’en consomment que trente mille tonnes», a-t-il souligné. Ainsi, les Sénégalais ont-ils un rôle important à jouer pour que le pays puisse atteindre, en 2017, l’autosuffisance alimentaire qui constitue l'un des objectifs du gouvernement.

Arguments scientifiques à l’appui, le directeur général de l’ISRA émet un doute sur la qualité du riz importé qui, sur la durée, à cause des conditions de conservation et de stockage, peut nuire à la santé des populations. «Le riz contient des substances chimiques et biochimiques qui, au-delà de deux ans, font augmenter le taux d’acidité. Ce phénomène entraîne ainsi l’oxydation de l’acide gras contenu dans le riz et son vieillissement, c’est pourquoi le riz change d’odeur», a-t-il averti.

Ainsi, les populations s’exposent-elles à des maladies par la consommation de ce riz importé mal conservé ou ayant vieilli. «Personne ne peut contrôler ce qui nous vient de l’extérieur », a expliqué le docteur Fall.

Par ailleurs, le directeur général de l’ISRA a mis l’accent sur les moyens déployés par le gouvernement sénégalais pour atteindre l’autosuffisance en riz en 2017. Cependant, la réalisation de cet objectif passera impérativement par les populations qui devront «opter pour le riz local qui est entier et de meilleure qualité», a terminé le directeur général de l’ISRA.

En fait, cette sortie a, certes, un caractère scientifique, mais elle a d'autres motivations. C'est bien la première fois de l'histoire qu'une telle mise en garde est formulée. Durant des décennies, le seul souci du gouvernement a été d'assurer la disponibilité du riz importé. 

Cependant, aujourd'hui, le Sénégal s'achemine vers l'autosuffisance. Reste que le consommateur a encore du mal à s'habituer au riz produit sur le territoire, même s'il est de meilleure qualité. Pour le gouvernement, il faut oeuvrer pour changer les habitudes de consommation. Ce qui n'est pas gagné d'avance. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/04/2017 à 11h12, mis à jour le 05/04/2017 à 13h47