Le paradoxe est inquiétant. Au Sénégal, les pauvres payent des impôts tandis que les plus riches ont le privilège d’échapper à la fiscalité. Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) tire la sonnette d’alarme et attire l’attention sur ces contribuables qui, sans être légalement exonérés, usent de subterfuges pour gagner une fortune avec la complicité d'un Etat qui se laisse gruger.
Au moment où la question sur l’enrichissement illicite est au centre de tous les débats, des millionnaires et milliardaires sénégalais gagnent des fortunes sur le dos de l’Etat. Pour ainsi rétablir l’équité fiscale, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dénonce la persistance d’une injustice dans la fiscalité au Sénégal. Réuni en séance plénière sous le thème «Equité, transparence et justice fiscale: quel gage pour une justice sociale au Sénégal», le CESE préconise «le contrôle des personnes» dont la fortune est plus qu'apparente, mais qui n'ont jamais rien payé comme impôt à l'Etat. Il y a aussi tous ceux qui bénéficient d'exonérations, mais qui n'auraient pas dû.
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«Le contrôle est bien fait en amont, mais c’est en aval qu’il y a des problèmes, parce que quelqu’un qui a bénéficié d’exonérations devrait pouvoir être contrôlé et nous devons faire une évaluation», a souligné Marie Madeleine Pinto Sène. La présidente de la Commission du genre, de l’équité et de la bonne gouvernance au sein du CESE propose ainsi à l’Etat de faire une appréciation des exonérations qui ont été faites par rapport à leurs retombées économiques. Selon elle, les exonérations devraient contribuer à «la création d’emploi et au bien-être des populations».
Malheureusement, faute de personnel en nombre suffisant et de moyens matériels, la Direction générale des impôts et domaines (DGID) n’arrive pas assurer ce travail d’évaluation des exonérations fiscales. «Il y a des personnes que nous appelons des millionnaires et des milliardaires et qui sont méconnus des impôts. Cela est anormal et injuste», a aussi dénoncé Marie Madeleine Pinto Sène.