Malgré l’interdiction des chaluts de fond qui, selon Greenpeace, constituent «les plus grands risques de destruction des écosystèmes marins vulnérables et irremplaçables», cette forme de pêche industrielle est pratiquée par la plupart des bateaux chinois qui naviguent dans les eaux ouest-africaines. En remontant, les filets géants balayent sur leur passage tous les coraux, éponges et autres organismes vivants dans les fonds marins et qui sont nécessaires à la survie d’autres espèces. Malheureusement, au moment de faire le tri dans les bateaux, 20% à 40% de ces créatures marines sont rejetées à la mer.
Après un mois passé en immersion sur des navires de pêche chinois, un photographe de Greenpeace dénonce le non-respect de la réglementation. Au total, 74 navires chinois pratiquant leurs activités en zone maritime interdite avaient été épinglés par l’Organisation écologique en mai 2015. Pire, ces bateaux avaient fait de fausses déclarations concernant leur tonnage et la capacité de leurs filets. Cette pratique illégale est récurrente. 183 navires chinois avaient aussi été pris sur le fait entre 2001-2006 et 2011-2013 par Greenpeace. Tous ces navires ignorant sciemment la norme IUU ( Illegal, Unreported and Unregulated) mise en place par la FAO pour réguler l’activité de pêche.
Surexploitation des ressources halieutiques
Les eaux marines ouest-africaines qui figurent parmi les plus poissonneuses au monde attirent la convoitise des entreprises de pêche. Environ, 3,6 millions de tonnes de poisson et de fruits de mer en sont extraites chaque année. Au total, 47 pays y pêchent depuis les indépendances. Les côtes du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinée Bissau accueillent plus de 70% des navires chinois. En 60 ans, ces bateaux de pêche ont pillé plus de 50% des ressources halieutiques de la zone, au détriment des pêcheurs traditionnels de ces pays qui sont actuellement obligés de se rabattre sur ces navires pour y être employés et assurer leur survie.
Des conditions de travail difficiles
Présent dans la quasi-totalité des repas au Sénégal, le poisson constitue près de 70% des apports en protéine. La pêche emploie 15% de la population active sénégalaise. Et cette activité artisanale occupe 90% de ces pêcheurs traditionnels. Mais, avec l’arrivée des Chinois, ces pêcheurs ouest-africains sont contraints de naviguer en haute mer pour être plus productifs. Et cette navigation en haute mer conduit très souvent à des tensions avec des pays voisins comme la Mauritanie qui, depuis quelque temps, a bloqué les licences pour les Sénégalais.
Devant ces difficultés, certains pêcheurs se rabattent sur les navires chinois pour de faibles salaires. Selon Greenpeace, «chaque pêcheur est payé 100 000 francs CFA (159 euros) à la fin du mois». Sur les 20 membres qui composent un équipage de navire de pêche chinois, 13 sont Ouest-Africains.
Cette présence des entreprises chinoises dans les eaux de la région donne une idée sur le nouveau rôle de la Chine qui contribue au pillage systématique des ressources du continent. Encore aujourd'hui, les Etats ne sont pas parvenus à concevoir une politique concertée de protection de leurs côtes.