Dans son discours à la Nation prononcé le 3 avril 2018, le président Macky Sall avait annoncé la mise en place d’un fonds de 30 milliards de francs CFA (45 millions d’euros) pour encourager l’auto-emploi des jeunes et des femmes.
Dans la foulée, il avait mis en place la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et jeunes (DER) pour combler les lacunes du gouvernement dans sa politique d’emploi. Mais il ne s'agirait là que de poudre aux yeux, au vu du faible nombre de projets accompagnés à ce jour, et de l'enveloppe réellement mobilisée.
Neuf mois après son lancement, sur les 30 milliards de francs CFA, promis, seuls 10 milliards ont été budgétisés.
La première tranche, destinée au financement de projets lancés par des femmes et des jeunes des 45 départements du Sénégal, n’a été disponible que le 6 août 2018.
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Ces femmes et ces jeunes Sénégalais, porteurs de projets, qui avaient applaudi le président Macky Sall annonçant que les 20 milliards de francs CFA (30,07 millions d’euro) restants allaient être débloqués avant le 30 septembre 2018, vont devoir prendre leur mal en patience.
"Cette volonté spontanée de Macky Sall, à vouloir régler les problèmes de l'emploi des jeunes et des femmes, sans une étude préalable, ne peut pas prospérer", estime ainsi un économiste, pourtant proche du gouvernement.
Lors de son discours, le Chef de l’Etat avait annoncé que ce fonds était destiné «aux femmes transformatrices, aux jeunes conducteurs de Jakarta (moto-taxi), aux éleveurs mareyeurs, tisserands, cordonniers, mécaniciens».
«Voilà pourquoi la DER a été créée sans discrimination, sans coloration politique. Et c’est pourquoi, je tiens à rendre un hommage mérité aux gouverneurs, préfets, sous-préfets, bref toute l’administration d’avoir participé à la matérialisation de cette idée, de façon transparente, sans parti pris, qui pour certains au début n’était que du bluff», s’était-il réjoui.
Mais à la grande déception des femmes et des jeunes concernés par cette mesure, il faut bien reconnaître que cette somme n'a toujours pas été débloquée.
A moins de 2 mois de la présidentielle, qui doit avoir lieu le 24 février 2019, les candidats issus de l’opposition sénégalaise vont certainement mettre l’accent sur ce type de manquement dans la politique de l'emploi menée par Macky Sall, par ailleurs candidat à sa propre succession.
Cette politique contreproductive du pouvoir politique en place pourrait d'ailleurs servir d'argument porteur pour ses adversaires politiques à la présidentielle du 24 février prochain.