Sénégal. Coronavirus: en faillite depuis janvier, l’usine de chloroquine sur le point d'être sauvée

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Le 01/04/2020 à 08h43, mis à jour le 01/04/2020 à 13h54

A quelques kilomètres de la ville de Dakar, à Rufisque, se trouve une unité industrielle qui peut satisfaire la totalité de la demande de la sous-région en hydroxychloroquine, la molécule devenue incontournable pour le traitement de la pandémie de Covid-19. Problème: l’usine est en faillite.

A chaque chose malheur est bon. Ce dicton est sur le point d’être vérifié autour de la molécule d'hydroxychloroquine, d’une unité pharmaceutique et de la fameuse pandémie de Covid-19.

Les laboratoires Médicaments du Sénégal (Médis), qui produisent l’hydroxycloroquine, avaient fermé leurs portes en janvier dernier, évoquant des difficultés financières. C’était sans savoir que trois mois plus tard, ils devaient être appelés à jouer un rôle primordial dans la lutte contre le SARS-Cov2, virus responsable de la pandémie mondiale Covid-19.

Avant-hier, lundi 30 mars, une réunion d’urgence s’est tenue entre le ministre sénégalais de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, et les actionnaires et dirigeants de l’unité pharmaceutique qui compte 300 emplois. L’objectif était de parler de la nécessaire relance de l’activité, mais rien n’a filtré à l'issue de la rencontre.

Les laboratoires Médis sont capables de fournir jusqu’à deux millions de comprimés par jour, ce qui permettrait de satisfaire les besoins de toute la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest en quelques semaines.

L’ouverture de son usine de Rufisque dans la région de Dakar est l’unique alternative qui s’offre actuellement au Sénégal pour être approvisionné en chloroquine. En effet, les deux seuls pays qui auraient pu satisfaire ses besoins dans le traitement du Covid-19 sont le Maroc et la France. Or, ces partenaires traditionnels ont décidé de réquisitionner la totalité de leur production afin de faire face à la pandémie.

Au Sénégal, la chloroquine a été utilisée pendant des décennies dans le traitement du paludisme, sous la marque nivaquine. Des générations entières de Sénégalais en ont ingurgité régulièrement pour prévenir cette maladie qui fait des millions de victimes sur le continent chaque année.

Sauf qu’à partir du milieu de années 1990, son utilisation en tant que préventif a été bannie, pour cause de perte d’efficacité. Elle n’était dès lors prescrite que comme curatif dans le traitement. C’est sans doute ce qui a fait baisser la consommation.

Aujourd’hui, grâce aux recherches préliminaires menées par le Professeur Didier Raoult, biologiste de renommée mondiale et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, cette molécule associée à l’azythromicine est devenue incontournable pour le traitement de cette grippe.

Une deuxième rencontre est prévue entre le ministre de la Santé et les responsables de Médis. Le personnel médical sénégalais qui ne disposerait que de 800 boîtes de chloroquine ainsi que les 300 employés qui n’ont pas reçu de salaires depuis trois mois croisent les doigts.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 01/04/2020 à 08h43, mis à jour le 01/04/2020 à 13h54