Des hommes de main, partisans du chef musulman Serigne Moustapha Sy, ont vandalisé les locaux et saccagé tout le matériel du quotidien Les Echos, reprochant à la rédaction d'avoir indiqué, dans son édition de lundi 3 août, que le guide des Moustarchidines avait été testé positif au Covid-19 et se trouvait à l’hôpital Principal de Dakar.
L’attaque, qui n’est pas la première du genre au Sénégal, a été unanimement dénoncée dans le pays et même au-delà. Les responsables du quotidien, qui ont déposé une plainte hier, dans la matinée, peuvent compter sur l’appui des médias locaux et de la société civile.
Le premier à avoir condamné cet acte est le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS). "Les ordinateurs de la salle de rédaction et les machines de la salle de montage ont été détruits par les agresseurs. Le préjudice pourrait s’élever à plusieurs dizaines de millions. Heureusement, aucun dommage physique n’a été déploré pour le vigile, seul présent à la rédaction", indique le président du CDEPS, Mamadou Ibra Kane, dans une déclaration transmise à la presse. Le CDEPS parle d’une "agression ignoble et exprime toute sa solidarité au journal Les Echos, à ses travailleurs et à sa direction".
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"À chaque fois qu’il y a agression contre les journalistes, les auteurs de ces barbaries refusent en fait à la presse le droit d’informer. La presse est intimidée pour ne pas exercer sa liberté d’informer. C’est là une menace récurrente et permanente pour la liberté de presse", peut-on encore lire dans la déclaration.
Le CDEPS constate que "c’est la énième agression contre les journalistes après la station RFM de Mbacké, le Directeur de publication de Waa Grand-Place, la 7TV, etc.".
"Aucun des agresseurs n’a jamais été pris et il règne une sorte d’impunité des auteurs de violences contre les journalistes et les maisons de presse. Les forces de sécurité sont restées muettes sur les auteurs de ces agressions contre la liberté de presse. Aucun des forfaits commis contre la liberté de presse n’a aussi fait l’objet de poursuites devant les tribunaux", regrette-t-il.
Il rappelle que "l’État a le devoir de protéger les journalistes et les maisons de presse" et "en appelle encore au ministre de l’Intérieur, au gouvernement et au président de la République pour la protection des journalistes".
"La seule condamnation de ces actes ignobles ne suffit plus. Tous les acteurs de la presse et les citoyens doivent se mobiliser pour défendre la liberté de presse menacée au Sénégal", encourage le CDEPS.
Reporters Sans Frontières dénonce
Dans un tweet, Reporters sans frontières (RSF) condamne le saccage des locaux du journal Les Échos et demande qu’une enquête soit ouverte par la justice sénégalaise. «#Sénégal: saccagé pour avoir informé! Pour avoir publié un article annonçant l'hospitalisation, pour cause de #Covid-19, d'un influent chef religieux musulman, les locaux du quotidien Les Echos ont été mis à sac. @RSF_inter condamne une telle attaque et demande une enquête.
La réaction du Forum civil
Le Forum civil n’a pas attendu longtemps pour réagir, suite à ces actes de vandalisme perpétrés dans les locaux du journal Les Echos. «Le Forum civil condamne sans réserve l'acte de vandalisme dont le journal Les Echos est victime. Le Forum civil témoigne sa solidarité indéfectible aux travailleurs du journal et à la presse dans toutes ses composantes».
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Cette ONG a également exhorté la justice à ouvrir une enquête pour situer les responsabilités.
Enfin, la section sénégalaise de Transparency International demande au gouvernement d’assumer et d'exercer pleinement sa mission régalienne de protection des personnes et des biens, afin de garantir la stabilité sociale.