C’est l’une des décisions les plus consensuelles prises par Macky Sall. La décision du Sénégal de porter la résolution sur la colonisation israélienne devant le Conseil de sécurité des Nations Unies a été quasi unanimement saluée par la classe politique sénégalaise de tous bords.
«L’intelligence diplomatique aurait suggéré, dans l’optique du dialogue des religions, qu'Israël essaye de maintenir de bonnes relations avec notre pays connu pour son Islam de tolérance. Tant pis pour lui, tant pis de n’avoir pas compris que nous sommes un pays ouvert, pas grand, pas riche, mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds», écrit Aminata Touré, l’ancienne Premier ministre et actuelle envoyée spéciale du président Macky Sall, sur sa page Facebook.
Une déclaration qui résume finalement le sentiment général des Sénégalais pas impressionnés par «les états d’âmes de Benjamin Netanyahou», le Premier ministre israélien.
Pour le porte-parole du gouvernement sénégalais, ce n’est pas parce que le Sénégal soutient le peuple palestinien qu’il est contre l’Etat d’Israël. «Il faut saluer la position du Sénégal et d’ailleurs la communauté internationale félicite le Sénégal et notamment les pays musulmans puisque le Sénégal a une position très claire dans ses rapports avec Israël, et ses relations avec la Palestine. Depuis 1975, c’est le Sénégal qui préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien», précise Seydou Guèye, qui réagissait hier soir sur la télévision publique sénégalaise (TRS).
Une position saluée par l’ambassadeur de Palestine à Dakar, Safwat Ibraghit dans les colonnes du quotidien national «Le Soleil».
La presse a aussi largement salué l’initiative du Sénégal au Conseil de sécurité. Quant aux représailles israéliennes elles sont «loin de peser sur le destin du pays de la Téranga», comme l’écrit le quotidien «EnQuête». Ces mesures de rétorsion sont un «coup d’épée dans l’eau», ironise même le quotidien «L’AS».
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La seule note discordante est finalement venue du quotidien «Le Témoin». S’il estime que «c’est très bien de soutenir la lutte du peuple palestinien», Mamadou Oumar Ndiaye, le patron de cette publication, pense que "le Sénégal n’a pas à endosser, à lui seul, la question palestinienne à la place des pays arabes concernés au premier chef".
Israël ne décolère pas
Mais Israël ne décolère pas. «Cette décision (rappel de l’ambassadeur d’Israël à Dakar) reflète notre déception à l’égard du Sénégal qui a porté et soutenu cette résolution du Conseil de sécurité qui est carrément anti-israélienne, qui ne fait rien pour promouvoir la paix et dont le seul but est d’attaquer l’Etat d’Israël», explique Emanuel Nahshon, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Interrogé par la radio RFM, ce dernier regrette qu’un «pays ami d’Israël» comme le Sénégal ait soutenu ce texte.
«Le Sénégal, contrairement aux grands pays membres du Conseil de sécurité, a choisi de sponsoriser cette résolution. Donc il a joué un rôle très actif aux côtés de la Nouvelle Zélande, du Venezuela et de la Malaisie, un rôle qui va au-delà de celui joué par les autres pays ayant soutenu ou laisser passer le texte», dit-il, justifiant les «représailles» adoptées par Israël à l’encontre du Sénégal.
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Du côté de Tel-Aviv, la déception est d’autant grande que le Sénégal «est un pays que nous admirons et c’est la raison pour laquelle, nous sommes très déçus que le Sénégal ait choisi de promouvoir cette motion anti-israélienne», dit Emmanuel de Nahshon.
Selon lui les mesures de rétorsions sont «un message» pour exprimer la «colère» d’Israël. L’ambassadeur israélien à Dakar, rappelé ce week-end, restera à Tel-Aviv «le temps que Benjamin Netanyahou jugera bon», le temps d’avoir un «dialogue diplomatique» entre représentants sénégalais et israéliens.
Donc, pas de rupture diplomatique dans l’immédiat (l’ambassade israélienne reste ouverte), «mais il faudra réfléchir à plusieurs aspects de notre relation diplomatique», explique l’officiel israélien.