Sénégal: l'émir du Qatar arrive en toute discrétion

Le 20 décembre 2017 à Dakar, le président sénégalais Macky Sall a reçu l'émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.

Le 20 décembre 2017 à Dakar, le président sénégalais Macky Sall a reçu l'émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.

Le 21/12/2017 à 11h59, mis à jour le 21/12/2017 à 12h01

Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, l'émir du Qatar, est arrivé à 17h30 pour une visite officielle de 72 heures. L’étape sénégalaise est la première d’une tournée qui mènera l’émir dans six pays d’Afrique de l’Ouest.

Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, émir du Qatar, entame par Dakar sa tournée dans 6 pays ouest-africains. Cette visite intervient alors que Doha traverse, depuis six mois, une crise diplomatique et un embargo initié par les Etats-Unis et son voisin l’Arabie Saoudite. Après le Sénégal, le Cheikh se rendra au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana.

Le choix de Dakar pour débuter cette tournée traduit l’excellence des relations diplomatiques entre Dakar et Doha. Il est ainsi prévu la signature de plusieurs accords de coopération dans divers domaines. Selon Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani, ministre qatari des Affaires étrangères, ce voyage traduit la volonté de Doha de diversifier ses partenariats avec «les pays ouest-africains qui ont un fort potentiel économique, malgré les défis sécuritaires de certains». Toutefois, au-delà les intérêts économiques, certains observateurs y voient des défis stratégiques.

L’Afrique de l’Ouest, le nouveau théâtre des rivalités entre Doha et Ryad

Quoique le Sénégal ait rappelé puis replacé son ambassadeur à Doha suite à la mise sous embargo du Qatar par les Etats-Unis et certains pays du Moyen-Orient, la rivalité diplomatique entre le Qatar et l’Arabie Saoudite n’était pas très visible en Afrique de l’Ouest. Toutefois, cette visite risque d’accentuer la rivalité entre Doha et Riyad dans la sous-région.

Car après avoir longtemps usé des fonds d’investissement pour asseoir son influence en Afrique de l’Ouest, le Qatar passe à la vitesse supérieure, contrecarrant l’influence du royaume saoudien dans la région. Et cette démarche semble avoir un effet sur l’attitude de certains chefs d’Etat de la région.

Tout a commencé avec Nicolas Sarkozy, ancien président français, et Mustapha Liman Chafi, garant des intérêts qataris dans la région, qui ont facilité le rapprochement du Qatar avec les pays d’Afrique de l’Ouest. Malgré ses relations tendues avec Macky Sall, Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, a usé de toute son influence pour ouvrir les portes de l’Afrique de l’Ouest au Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani. Et cette année, le Qatar a reçu la visite des présidents nigérien et burkinabè, qui font suite à celle, quatre ans plus tôt, d’Alassane Dramane Ouattara.

En effectuant ce déplacement, l'émir a des objectifs bien affichés. Ces visites seront ponctuées d’installations de représentations diplomatiques et de signatures d’accords commerciaux. Le 23 décembre, l’émir envisage de booster le projet de fourniture de gaz naturel liquéfié à la Côte d’ivoire. Rappelons que le Qatar est l’un des premiers pays producteurs de gaz naturel liquéfié au monde. D’ailleurs, un mémorandum d’entente avec Qatargaz et Qatar Petroleum avait été signé en 2013 par Adama Toungara, ministre ivoirien du Pétrole.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 21/12/2017 à 11h59, mis à jour le 21/12/2017 à 12h01