Moins de deux mois après sa démission de la magistrature, l’ex-juge Ibrahima Hamidou Dème s’investit sur le terrain politique. Il a lancé, ce dimanche 6 mai 2018, un mouvement dénommé «Ensemble». Le néo-homme politique n’a pas perdu de temps pour fustiger la gestion du gouvernement du président Macky Sall qui va, selon lui, vers une défaite inévitable aux élections présidentielles prévues en 2019 au Sénégal.
«Le changement est inexorable, car personne ne peut arrêter la mer avec ses bras», a-t-il lancé lors du discours d'inauguration de son mouvement. Il a toutefois appelé les citoyens sénégalais à la vigilance. Car, soutient-il, ceux qui président actuellement aux destinées du pays «sont prêts à tout, avec un grand T, pour garder le pouvoir».
Selon lui, le combat pour l’avènement d’une troisième alternance au Sénégal ne sera pas de tout repos. «Nous allons poursuivre le combat. Pas seulement un combat pour la justice, mais pour tout le Sénégal. La naissance de notre mouvement doit nous permettre de faire face à tous ceux qui ont des capacités de nuisance extraordinaire dans ce pays. Nous devons changer le Sénégal, parce que le pouvoir actuel semble être à bout de souffle. Les moyens qu’il utilisait sont périmés. Nous marchons lentement, mais sûrement. Pour y arriver, nous avons besoin de personnes qui partagent les mêmes convictions», a affirmé l’ex-substitut général.
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Faisant allusion aux deux jeunes lycéens de Thiès qui ont reçu des grenades lacrymogènes, l’un sur le nez, l’autre sur l’œil droit, il a fustigé l’usage de la violence par la police pour réprimer les manifestations des citoyens sénégalais. «Des élèves ont été blessés à l’œil et au nez. La soif d’un second mandat du président Sall ne doit, en aucun cas, pousser les forces de l’ordre à maltraiter les jeunes», a-t-il rappelé.
Invité à participer au lancement du mouvement «Ensemble», Maître El Hadji Diouf a quant à lui mis l’accent sur les difficultés que peuvent vivre les hommes politiques au Sénégal. «Faites attention! Ce n’est pas facile. Le terrain politique est un terrain glissant où règne l’hypocrisie, la méchanceté, la cruauté, la trahison, la cupidité. Mais il faut tenir bon. J’en sais quelque chose (...). J’ai rencontré toutes formes de trahison, de complot», a-t-il prévenu. Mais il a dit aussi faire néanmoins confiance «au courage, à la compétence et à la carapace» de Ibrahima Dème qui, avec un «bon encadrement» et «une bonne assistance», pourrait jouer un certain rôle sur le terrain politique sénégalais.