Sénégal: des milliers d’étudiants exclus du privé, à cause des arriérés de l’Etat

Macky Sall au milieu d'etudiants

Macky Sall au milieu d'etudiants. dr

Le 05/10/2018 à 09h57, mis à jour le 05/10/2018 à 17h33

Les établissements privés à qui l'Etat doit entre 9 et 16 milliards de Fcfa réclament un acompte de 3 milliards avant de réadmettre les étudiants en cours.

L'argentier de l'Etat estime à 9 milliards de Fcfa (13, 533 millions d’euros) la somme due aux établissement privés d’enseignement supérieur. Son homologue de l'Education évalue la dette à 16 milliards de Fcfa (24,06 millions d’euros). Mais quelle que soit la somme, des milliers d'étudiants n'ont toujours pas repris le chemin des cours. 

En attendant, un dialogue de sourds qui s’est installé entre le ministre de l’Economie, de finances et du plan, Amadou Bâ et son homologue en charge de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, à propos de la somme due aux écoles privées. Une mésentente qui risque d’hypothéquer les études de milliers d’étudiants sénégalais.

La Fédération des Etablissement privés d’enseignement supérieur (Fepes) confirme, quant à elle, le montant énoncé par le ministère de tutelle et campe sur sa position pour réclamer ces arriérés. 

Du côté des services du ministère de l’Economie des Finances et du Plan, on explique que cette facture de 9 milliards a été établie après un audit détaillé des sommes dues aux différents établissements. Ce que dément la Fédération des Etablissements privés d’enseignement supérieur(Fepes). Selon cet organe, contrairement à ce qui a été révélé dans la presse, l’Etat lui doit 16 milliards de Fcfa. Le président de la Fepes, Mamadou Diop, affirme être en accord avec les services du ministère de l’Enseignement supérieur avec lesquels il a récemment tenu une réunion.

Les précisions du Secrétaire général de la Fepes

Le Secrétaire général de la Fepes, Daour Diop est lui aussi sur la même longueur d’onde que son président Mamadou Diop et Mary Teuw Niane. «Avant, on estimait cette dette à 14 milliards de Fcfa. Mais les services du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche nous ont fait savoir que certaines rubriques comme celle des masters n’étaient pas prise en compte», a-t-il précisé.

Le ministère de l’Economie et des Finances joue ainsi les prolongations, alors que le souci actuel de la Fédération des Etablissements privés d’enseignement supérieur est de rentrer dans ses fonds. Elle ne refusera pas un autre acompte après celui qui leur a été versé par l’Etat au cours de l’année académique 2016-2017.

Mais ils devront encore attendre. Nous n’avons reçu que de simples promesses concernant les paiements de l’année 2017-2018, révèle-t-on du côté de la fédération. «L’Etat nous doit 11 milliard de Fcfa pour la période comprise entre 2017 et 2018. Il y a également un reliquat de 5 milliards. Le ministère de l’Economie et des Finances fait dans le dilatoire», dit Mamadou Diop.

Les étudiants laissés à eux-mêmes

Les étudiants des établissements privées sont certainement les principales victimes de ce statu quo entre le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère de l’Enseignement supérieur et la Fepes, parce que les promesses de paiement qui ont été faites par le ministère de l’Economie et de Finances à la Fepes, n’ont pas été tenues. Ils sont ainsi purement et simplement exclus. En effet, au cours d’une réunion avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Fepes avait reçu la ferme promesse de recevoir un acompte de 3 milliards de Fcfa.

D’après ce ministère, cette somme avait été débloquée. Cependant, à la grande surprise des dirigeants des écoles privées, «ces trois milliards de francs Cfa n’ont jamais été versés», révèle Daour Diop, le SG de la Fepes. Ce qui ne saurait tarder selon le ministère de l’Economie et des finances car, selon une source autorisée, «ces trois milliards qui ont été débloqués et devraient être versés aux écoles privées dans les jours qui viennent».

En tout état de cause, les ministères concernés et la Fepes devront être d’accord sur le montant de cette dette que l’Etat doit aux écoles privées pour que la situation se débloque enfin. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/10/2018 à 09h57, mis à jour le 05/10/2018 à 17h33