Pourtant ancien allié de Macky Sall dans la coalition Benno Bokk Yaakar, Abdoulaye Bathily, référence des cénacles politiques africains, n’a pas caché son amertume contre l’attitude des pouvoirs publics sénégalais au sujet de la gestion de dossiers judiciaires bien précis.
En effet, quelques mois après avoir ouvertement défendu Khalifa Sall et critiqué «l’instrumentalisation de la justice pour liquider» l’ancien maire de Dakar, il est revenu sur le devant de la scène pour charger Macky Sall.
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De son avis, c’est la première fois dans l'histoire du Sénégal qu’un Chef de l’Etat utilise le pouvoir judiciaire pour éliminer de potentiels rivaux aux prochaines élections présidentielles.
«Voilà cinquante ans que je participe aux combats politiques au Sénégal, et c’est la première fois que l’on fait écarter par la justice des candidats à la présidentielle», s'est-il ainsi indigné sur les colonnes du magazine parisien Jeune Afrique.
L'avis du Professeur Bathily, par ailleurs universitaire reconnu, est partagé par l'ensemble de la classe politique sénégalaise, à l'exception des proches de Macky Sall.
En effet, Khalifa Sall, ex-maire de Dakar, candidat déclaré de la coalition «Taxawu Senegaal» (Assister le Sénégal) et Karim Wade, fils de l’ex-Président Abdoulaye Wade, lui aussi candidat de la coalition «Karim président 2019», sont tous deux menacés de ne pas participer à la présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 24 février 2019.
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Le premier, Khalifa Sall, ex-maire de Dakar révoqué par un décret signé par le président Macky Sall, a été condamné à 5 ans de prison ferme dans l’affaire dire "de la caisse d’avance de la mairie". Son sort est à présent suspendu à une décision de la Cour suprême qui doit rendre son verdict le 3 janvier prochain, suite à son pourvoi en cassation.
Le second, Karim Wade, a été condamné à 6 ans de prison ferme et à verser plus de 100 milliards de francs CFA par la Cour de répression de l’enrichissement (CREI), dans le cadre de la traque des "biens mal acquis", une opération lancée par Macky Sall, qui pourrait bien faire manquer au fils d'Abdoulaye Wade le rendez-vous crucial de la prochaine échéance électorale.
Abdoulaye Bathily, qui, en son temps, n'avait pas hésité à s'opposer au premier président de l'Etat du Sénégal, Leopold Sédar Senghor, sera-t-il cette fois encore, entendu ? La critique émise est en tout cas tonitruante.