Sénégal. Malversations et fautes de gestion: le rapport de l’Inspection générale d’État est tombé

La remise officielle du rapport de l'IGE au président Macky Sall.. DR

Le 14/07/2020 à 19h41, mis à jour le 14/07/2020 à 19h43

C’est l’un des rapports les plus attendus par les organisations de la société civile et la presse, parce qu’il révèle souvent ce que cachent beaucoup de dirigeants en termes de mauvaise gestion, voire de malversations. Cette année, ils sont servis.

L’Inspection générale d’Etat (IGE) vient en effet de livrer son rapport au chef de l’Etat, Macky Sall, et le moins que l’on puisse dire c’est que des faits graves y sont révélés. Cela va des logements de fonctions illégalement occupés par des retraités ou des non ayants-droits au détournement au simple déficit de communication entre structures de l’Etat, en passant par les fonctionnaires fantômes, où en les avantages illégalement octroyés.

Ainsi, au niveau l’administration pénitentiaire, les logements de fonction sont entre les mains d’un personnel à la retraite depuis plusieurs années, sans que les gardes actuels ne puissent y avoir accès. Il s’agit de plusieurs logements dans plusieurs villes du pays. Or, ces logements sont souvent construits à l’intérieur ou à proximité des prisons ce qui permet au personnel de pouvoir intervenir rapidement en cas de mutinerie ou d’évasion. Le fait qu’ils soient occupés par des retraités oblige ceux qui devaient en bénéficier à loger souvent très loin des prisons, d’autant que l’Etat ne leur verse pas systématiquement des indemnités de logement vu qu’ils sont censés déjà être hébergés gratuitement.

Dans son rapport 2018-2019, il est également fait mention d’une faille dans la gestion des bourses des étudiants, dont le paiement à l’intérieur du Sénégal est exclusivement assuré par la banque Ecobank. Celle-ci a remporté ce marché de plusieurs milliards de francs CFA de transactions par mois pour une durée de cinq ans. Malheureusement, il se pose un sérieux problème de communication entre cette banque et l’administration et même entre la direction des Bourses et la direction générale du Budget. Les deux structures n’ont pas les mêmes fichiers et donc, pas les mêmes étudiants boursiers.

Au ministère de la Culture, l’IGE a débusqué quelque 78 agents qui soit n’existent pas en réalité, soit n’ont jamais mis les pieds sur leur lieu de travail. Ces fonctionnaires fantômes perçoivent néanmoins leur salaire tous les mois.

A la délégation générale de la francophonie, c’est plutôt les marchés de gré à gré qui ont attiré l’attention des inspecteurs. En effet, quelque 65 milliards de francs CFA, l’équivalent de 100 millions d’euros, n’ont fait l’objet d’aucun appel d’offres.

Il ne s'agit là que de quelques exemples dans un rapport qui compte plusieurs centaines de pages, et qui devrait encore faire parler de lui tout au long des semaines à venir.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/07/2020 à 19h41, mis à jour le 14/07/2020 à 19h43