Sénégal: l’État met en vente des appartements de luxe dans l’affaire Karim Wade

Karim Wade

Karim Wade. dr

Le 21/07/2020 à 13h19, mis à jour le 21/07/2020 à 13h20

Un ancien ministre de Macky Sall, à la fortune récente et sujette à caution, s’était proposé pour acquérir un appartement saisi dans l’affaire d’enrichissement illicite de Karim Wade. Un bien mal acquis peut toujours en cacher un autre.

L’Etat du Sénégal ne lâche rien dans l’affaire Karim Wade, surtout en ces temps de crise où les caisses sont vides. Il vient de mettre en vente sept appartements saisis dans le patrimoine de Bibo Bourgi et de Karim Wade, lesquels biens immobiliers étaient "provisoirement, encore sous l’administration du Patrimoine bâti de l’Etat", selon Mame Boye Diao, le directeur des domaines.

Il s’agissait d’exécuter une décision de justice rendue et qui est évidemment définitive, puisqu’aucun recours n’est désormais possible, explique ce dernier. Il faudra désormais les vendre "par souci de transparence" en lançant un appel d’offres. "Nous avons choisi l’option où les différentes parties qui sont intéressées par ces appartements peuvent elles-mêmes soumissionner", a-t-il dit.

L’Etat compte empocher, pour ces sept appartements situés en bord de mer, la rondelette somme d’un million d’euros par appartement, soit 7 millions au total ou quelque 4 milliards et 550 millions de Fcfa. De quoi largement contribuer à financer une partie du Fonds Covid-19.

Si Mame Boye Diao a voulu jouer la carte de la transparence, c’est parce que des informations rapportant qu’un ancien ministre du Budget du président Macky Sall voulait mettre sur la table quelque 650 millions de Fcfa. C’est donc pour tirer au clair cette rumeur que le directeur des Domaines a préféré expliquer qu’en réalité beaucoup de personnes allaient soumissionner.

Mais, selon Confidentiel la Lettre quotidienne, une publication spécialisée dans les bruits des salons huppés de Dakar, le chef de l’Etat sénégalais aurait demandé qu’aucun de ses anciens ou actuels collaborateurs ne participe à la vente.

Cela aurait été le comble de savoir que dans une affaire de saisie de biens mal acquis, des ministres qui se sont enrichis subitement puissent hériter des biens qui appartenaient à celui que les Sénégalais surnommaient entre 2007 et 2012 le ministre du Ciel, de la Terre et de la Mer à cause des nombreux portefeuilles qu’il cumulait.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 21/07/2020 à 13h19, mis à jour le 21/07/2020 à 13h20