Qui d’Idrissa Seck, Abdoulaye Wade ou Ousmane Sonko doit être le chef de l’opposition au Sénégal? C’est la question à laquelle tente de répondre le dialogue national sénégalais qui tire à sa fin. Toutefois, cette question qui n’a pas encore trouvé de réponse risque de diviser les adversaires du président Macky Sall, notamment pour cause d'enjeux financiers.
En effet, le statut de chef de l'opposition est enviable au regard des avantages qui l'accompagnent. Deux milliards de FCFA d’indemnités annuelles, une voiture mise à disposition et un accès privilégié au chef de l’Etat seront ainsi accordés à celui qui sera reconnu comme étant le chef de l’opposition. Un statut reconnu par la nouvelle Constitution de 2016, mais qui n’a jusqu’à présent pas été attribué.
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La loi fondamentale qui s’est inspirée des cas guinéen et malien -pays dans lesquels le chef de l’opposition existe officiellement- n’a pas défini comment il doit être désigné. Par ailleurs, au niveau du dialogue national, on note une véritable divergence d’opinions au sein même de l’opposition que ce chef est censé représenter.
Ainsi, les membres de la coalition "Idy Président" lors de la présidentielle de 2019 estiment que leur candidat Idrissa Seck qui est arrivé 2e durant ce scrutin est celui qui mérite le plus ce statut. Alors que du côté du PDS d’Abdoulaye Wade, on estime qu’il faut que ce leader de l’opposition soit celui des chefs de parti le plus représenté à l’Assemblée nationale. Par conséquent, Wade avec ses 17 députés est l’homme idéal pour l’incarner.
Le parti Pastef les Patriotes d’Ousmane Sonko arrivé troisième lors de la dernière présidentielle penche également pour ce critère de représentativité parlementaire et opte donc pour l’ancien chef de l’Etat.
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Même s’il s’agit d’un dialogue, il est clair que la décision du parti présidentiel sera déterminante. Or, Macky Sall aimerait avoir comme interlocuteur un opposant qui n’en est pas réellement un. Ce qui fait qu’Idrissa Seck pourrait alors remporter le poste convoité, car l’ancien Premier ministre se montre étrangement muet depuis février 2019. Jamais, il n’émet de commentaire sur la gestion du pays, attitude que ses partisans considèrent comme une posture républicaine.