La CEDEAO tente de désamorcer la crise entre le Sénégal et la Gambie

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Le 06/04/2016 à 12h30

Une mission de la CEDEAO séjourne actuellement en Gambie pour tenter de résoudre la crise entre Dakar et Banjul. Une crise consécutive au blocage de la frontière entre les deux pays par des transporteurs sénégalais pour protester contre la hausse unilatérale des tarifs douaniers par la Gambie.

Le Sénégal est en brouille avec son plus proche voisin, la Gambie, depuis plus d’un mois. La crise remonte au mois de février lorsque des transporteurs sénégalais, s’insurgeant contre la hausse unilatérale du prix de la traversée de la Gambie (Cf. carte), ont décidé de bloquer la frontière. En effet, les autorités gambiennes avaient, d’un seul coup, fait passer le prix de la traversée de 4.000 (6,1 euros) à 400 000 FCFA (610 euros) pour les camions, d’après le syndicat des transporteurs sénégalais.Le blocus imposé par ces derniers qui, désormais, préfèrent contourner la Gambie pour se rendre en Casamance (sud du Sénégal), a considérablement affecté l’économie gambienne. Ce boycott a, selon plusieurs sources, créé une pénurie de carburant au pays de Yaya Jammeh, obligeant la société nationale d’électricité à multiplier les coupures de courant.Au bord de l’asphyxie, la Gambie, une enclave dans le Sénégal, a porté plainte contre le Sénégal auprès de la CEDEAO (Communauté économqiue des Etats de l'Afrique de l'ouest) pour non respect du principe communautaire de libre circulation des personnes et des biens.C’est cette plainte qui avait fait avorter une tentative de négociation entre les deux pays en fin de semaine dernière. Dakar ayant exigé le retrait de la plainte avant toute négociation.Pour tenter de désamorcer la crise, selon plusieurs médias, dont l’agence de presse APA News, la CEDEAO a dépêché une délégation à Banjul. Cette délégation conduite par Salif Tiemtore, le chargé des questions douanières de la CEDEAO, a rencontré, ce début de semaine, le ministre gambien du Commerce et de l’industrie, ainsi que des officiels des services de transit et de commerce.D’après APA News, Tiemtore a déclaré aux journalistes que sa mission est de se rendra à la frontière sénégalo-gambienne pour obtenir des informations «de première main» avant de se rendre à Dakar.«Le nombre de gros porteurs passant par la Gambie pour aller soit en Guinée-Bissau, soit au Mali ou en Guinée-Conakry, a été divisé par deux depuis le début de la crise», a déclaré Alieu Secka, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Banjul, toujours selon des propos rapportés par APA.Pour le moment, les autorités sénégalaises n’ont pas officiellement réagi à ces informations. Le Sénégal entretient des relations pour le moins compliquées avec son voisin gambien depuis plusieurs années. Les Sénégalais désireux de se rendre en Casamance sont souvent victimes de tracasseries lors la traversée du fleuve Gambie par l’unique ferry (Farafégny).Banjul s’est jusque-là opposé à la construction d’un pont sur le fleuve malgré un financement de 50 milliards de FCFA déjà accordé par la Banque africaine de développement (BAD) pour réaliser cette infrastructure. Depuis la pose de la première pierre, il y a plus d’un an, les travaux n’ont guère avancé.Mais les différents régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal ont toujours préféré ménager ce voisin «encombrant» pour sa «capacité de nuisance» grâce à ses supposés liens avec la rébellion casamançaise. La situation est-elle en train d’évoluer ?

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 06/04/2016 à 12h30