Charlatans en tous genres et gent fémnine l'appellent «poudre de Sédhiou», du nom de la région du Sud du Sénégal, de cette mystique Casamance, où elle est fabriquée. En réalité, il s'agit d'une «drogue sexuelle» utilisée par certaines femmes, car dit-on, elle produirait des sensations de rapport sexuel à l’absence de partenaire. Elle est également utilisée comme antidouleur et selon de nombreux témoignages, elle crée une véritable dépendance chez les femmes. Mais pour sûr, cette mauvaise drogue est en train de faire des ravages chez les utilisatrices.
Une petite pincée de cette substance d'origine végétale dans l'organe sexuel féminin agit comme une drogue dans l’organisme et donne l’illusion d’un bien être. Cependant, "elle donne des vertiges, des nausées et favorise des vomissements", prévient Ndeye Astou M., une jeune femme venue en consultation dans une clinique de Dakar.
Dans la puritaine société sénégalaise, "Sédhiou était traditionnellement utilisée par les femmes dont les partenaires étaient absents pour longtemps", précise Mamady Sonko, herboriste qui arpente les rues de Dakar à longueur de journée pour vendre toutes sortes de potions. Mais, "elle fait maintenant partie des aphrodisiaques dont se servent plusieurs femmes à Sédhiou et commence à s’exporter dans d’autres régions du Sénégal".
"Cette poudre me donne des sensations d’ivresse et me détend", affirme celle qui s'est choisie le pseudonyme de Kadia pour témoigner, jeune femme la quarantaine révolue.Toutefois, affirme-t-elle, «le premier jour que j'ai eu recours à cette poudre, j’ai souffert de diarrhée et de vomissement pendant 24 heures». Mais très vite, elle est devenue "accro".
Quand certaines dépendantes de ce produit parlent de soulagement de douleurs, d’autres décrivent des sensations d’ivresse. Les témoignages sont aussi divers que variés mais aucune des utilisatrices de la «Poudre de Sédhiou» ne décrit un réel plaisir sexuel comme c’est le cas dans un accouplement naturel.
Une substance achetée en cachette comme une drogue
Pour se procurer cette «drogue sexuelle» vendue sous des noms de code comme «lait», «comprimés» ou «kandiénou », les femmes usent des tous les subterfuges. Les vendeuses agissent aussi dans la clandestinité. Cependant, le prix auquel elle est vendue n’est pas pour décourager les utilisatrices. Avec 100 francs Cfa seulement (0,15 centimes d’euro), ces «toxicomanes» d'un nouveau genre peuvent avoir un sachet de cette poudre capable de les envoyer au 7ème ciel. Toutefois, les vendeuses de cette drogue sont obligées de faire plusieurs kilomètres pour s’approvisionner et servir à leur tour, les centaines de femmes qui en sont devenues dependantes
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Elles vont à Kandiénou, un village situé non loin de la frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau, pas très loin de la localité de Tanaff tout aussi peu connue, pour renouveler leur stock. Même si la «poudre de Sédhiou est fabriquée dans de nombreux villages situés des deux côtés de la frontière, Kandiénou en est la plaque tournante. Elle est ensuite convoyée à Sedhiou, toujours en Casamance, et dans d’autres régions du Sénégal et à Dakar plus particulièrement.
Quand à sa composition, les versions diffèrent selon les personnes. Certains parlent d’une fabrication à partir des racines de «tangora», grillées, ajoutées à des feuilles de tabac puis moulues, tandis que d’autres soutiennent que les coques de fruit de baobab auxquelles on ajoute des produits chimiques. Toutefois, le tabac reste constant dans toutes les compositions décrites.
Un produit toxique
«En consultant une patiente, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir une substance étrange dans ses parties génitales», affirme une gynécologue. Après quelques hésitations, «elle m’a avoué que c’était de la "poudre de Sédhiou"», a-telle poursuivi. Et les utilisatrices de cette drogue souffrent, pour la plupart des mêmes symptômes. On retrouve des lésions au niveau de leur vulve et d’autres brûlures qui provoquent des démangeaisons.
«L’utilisation prolongée de cette poudre toxique aboutit au manque de plaisir sexuel, à l’infertilité et pire encore au cancer du col de l’utérus», a-t-elle conclu. Malheureusement, ces patientes sont maintenant devenues toutes dépendantes de la «poudre de Sédhiou» qui agit dans l’organisme comme une drogue.