Sénégal. Ramadan: au ftour gratuit des jeunes mourides

Des repas bien succulents distribués gratuitement par des volontaires

Des repas bien succulents distribués gratuitement par des volontaires. DR/

Le 31/05/2017 à 13h16, mis à jour le 31/05/2017 à 13h48

Durant tout le mois de ramadan, de jeunes disciples mourides distribuent aux passants, aux voyageurs, un "ndogou", c'est-à-dire un repas de rupture du jeûne ou ftour, composé de dattes, de pain, d'un sandwich, d'une boisson chaude, etc.

Chez ces jeunes disciples mourides, le mois de ramadan est souvent synonyme de partage et de générosité. 

Dans plusieurs coins de rue à Dakar et de plus en plus dans les autres villes du Sénégal, les jeunes adeptes de la confrérie se regroupent tous les jours, pour préparer eux-mêmes, le café qui accompagnera le pain. Chapelet à la main, déclamant les poèmes de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du «mouridisme», chacun d’eux s’active. Si certains entretiennent le feu, d’autres font des va-et-vient pour acheter du pain ou du sucre.

Inspirés par le «mouridisme»

Cette pratique désintéressée était bien connue chez les mourides de Touba, la ville sainte fondée par Cheikh Ahmadou Bamba, en particulier chez les «Baye Fall», eux-mêmes disciples mourides de Cheikh Ibrahima Fall, le plus illustre compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba. Maintenant, elle s’est vulgarisée dans tout le pays. Durant le mois de ramadan, ces jeunes mourides des villes de Dakar, Thiès, Kaolack, Saint-Louis, etc, vivent donc à l’heure de Touba, la ville sainte.

Près du Champs de course de Thiès, sur une voix de forte affluence, un groupe de jeunes mourides s'attèlent à la tâche. Ils s’installent toujours aux carrefours pour toucher le grand nombre. Habillé d'une tenue avec de larges rayures en noir et blanc, bonnet à la tête et chapelet à la main, l'un d'eux affirment que «le mois de ramadan est symbole de partage. Et le meilleur moment est celui de la rupture du jeûne». «On ne compte pas. On offre aux passants et aux voyageurs des casse-croutes aussi bons que possible», a-t-il continué.

Pour financer leur oeuvre caritative, ces mourides créent une simple chaîne de colidarité dont ils sont le maillon le plus important. En ce moi de ramadan, beaucoup pensent faire preuve de générosité. Du coup, il leur est facile de collecter des fonds auprès des automobilistes, voire des personnes bénéficiant de ce ndogou de rue. 

Imperturbable, un de ses condisciples à la démarche bien appuyée soutient pour sa part «qu’il arrive, des fois en distribuant les repas, que des personnes nous méprisent, où se méfient de nous. Mais ce que nous faisons est aussi l’une des recommandations du Cheikh Ahmadou Bamba, notre guide et ce dernier l’a hérité du prophète Mohammed. Donc nous nous lasserons jamais de le faire».

Tout souriant, ce jeune disciple mouride est réconforté dans sa position par un chauffeur qui s’est arrêté pour prendre une tasse de café. «Le bienfait n’est jamais perdu. Même si certaines personnes vous montrent leur disgrâce, le bon Dieu sera toujours là pour vous récompenser", leur dit-il en guise d'encouragement. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 31/05/2017 à 13h16, mis à jour le 31/05/2017 à 13h48