Sénégal: la charge à l’essieu, source de tension entre les transporteurs et les autorités

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Le 23/09/2019 à 12h16, mis à jour le 23/09/2019 à 12h35

Le bras de fer se poursuit entre les transporteurs sénégalais et le ministère des Transports terrestres à propos des normes de l’UEMOA relatives au contrôle de la charge à l’essieu. Les transporteurs sont de nouveau en grève pour réclamer l’application du Poids total autorisé à la charge (Ptac).

Depuis 2005, l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a adopté le règlement numéro 14 définissant le gabarit, le poids et la charge à l’essieu pour préserver les routes de la sous-région d’une dégradation rapide.

Cependant, cette règlementation est source de tension entre les agents du ministère sénégalais des Transports terrestres et les transporteurs. Ces derniers réclament l’application du Poids total autorisé à la charge (Ptac) et se heurtent au refus de leur ministère de tutelle qui reste intraitable sur le respect du fameux règlement 14 de l’UEMOA.

Il convient de noter que chaque véhicule de transport est autorisé à rouler avec un poids maximum qui correspond à son Ptac. Or, il arrive souvent que ce même Ptac, rapporté au nombre d’essieux d’un véhicule, soit largement supérieur à la limite définie par l’organisation sous-régionale.

Les professionnels du transport qui prennent part à la réunion des experts et des ministres des Infrastructures de l’UEMOA, du Ghana et de la Guinée, ne veulent rien savoir.

"Le Sénégal, à travers l’UEMOA, veut appliquer le pesage à l’essieu. Nous disons niet et plaidons pour l’application du Ptac", affirme Gora Khouma, président de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal.

Leur refus est motivé, selon lui, par le fait que «le pesage à l’essieu ne prend pas en compte le poids indiqué». Et de conclure: «nous respectons le poids du tonnage qu’on nous a affecté (à travers le Ptac). Quant à gérer le poids des pneus, nous ne pouvons pas le maitriser. Nous demandons à ce qu’on applique le Ptac».

Et pour montrer leur mécontentement aux autorités des transports terrestres, ils ont de nouveau initié un débrayage, mais le ministère sénégalais des Transports terrestres reste toutefois déterminé à faire respecter le règlement de l’UEMOA.

Interpellé sur les difficultés auxquelles font face les transporteurs, Aubin Sagna, secrétaire général du département des Transports terrestres, précise de nouveau l’utilité de Règlement numéro 14 dans la préservation des routes.

«Nous avons appris que les transporteurs du secteur des gros porteurs vont faire un arrêt de travail. (…) L’année dernière après les avoir écoutés, nous avons dit que nous en restons au contrôle du Ptac. Depuis septembre, nous avons décidé de mettre en scelle le contrôle de la charge à l’essieu. Parce qu’en vérité, sans le contrôle de la charge à l’essieu, les routes seront dégradées», a-t-il expliqué.

Selon lui, «le Règlement 14 n’est pas contre les transporteurs. Au contraire, il est favorable à leur travail parce qu’une route protégée entièrement à leur avantage». Le ministre reconnaît toutfeois que son département rencontre nombre de difficultés dans l’application de ce règlement.

«Nous sommes aujourd’hui à une quinzaine d’années de la mise en place de ce règlement. On serait tenté de dire qu’il y a du retard dans [sa] mise en œuvre. Il y a eu des difficultés parce que nous étions dans l’obligation d’écouter tous les acteurs. Nous avons pris le soin de prendre en considération les avis, les demandes, les requêtes des transporteurs. Nous en sommes arrivés à un point où il nous faut aller à l’application intégrale du Règlement 14. Nous allons l’appliquer de manière concertée en 2020», explique-t-il encore.

Et l’application du règlement 14 de l’UEMOA est d’autant nécessaire qu’au Sénégal, des «routes construites pour 15 ans ont une durée moyenne de vie de 5 ans alors qu'elles coûtent plusieurs milliards aux Etats qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour leur entretien», ajoute, de son cîté, Paul Koffi Kiffi de l’UEMOA.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 23/09/2019 à 12h16, mis à jour le 23/09/2019 à 12h35