Au Sénégal, le vendredi 29 mai a été décrété journée sans pain par les boulangers de la région de Diourbel. Cette décision fait suite à un violent accrochage dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 mai dernier, entre le gérant d'une boulangerie située au quartier Médinatoul (commune de Diourbel) et un agent de sécurité de proximité (ASP) faisant partie d'une équipe d'intervention du commissariat central de Diourbel.
C'est Cheikh Diack, le président des boulangers qui a fait l'annonce de cette grève devant la presse régionale.
"Nous sommes révoltés par cette agression. Il est inadmissible que sous prétexte de faire respecter le couvre-feu, un boulanger soit violenté physiquement devant son lieu de travail. C'est un comportement que nous n'allons pas laisser passer. C'est pourquoi il n'y aura pas de pain dans toute la région ce vendredi. Mieux, nous sommes en contact avec la Fédération nationale des boulangers du Sénégal pour décider de la conduite à tenir au plan national. Mais déjà l'affaire a été portée en justice", a indiqué Cheikh Diack.
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Dans ce combat qu’ils mènent contre les violences policières et l’impunité, les boulangers peuvent compter sur le soutien des défenseurs des droits de l’Homme.
En effet, la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty International Sénégal condamnent «les actes de violence perpétrés par un agent de sécurité de proximité sur le boulanger Bassirou Seck, le lundi 25 mai 2020 au quartier Keur Goumack à Diourbel».
Selon l’avocat Me Assane Dioma Dioma Ndiaye et le secrétaire exécutif de Amnesty Sénégal Seydi Gassama, des témoins, interrogés par leurs organisations, affirment que Bassirou Seck, 20 ans, qui gère la boulangerie "Wa Keur Sérigne Touba" était debout devant la porte de service de son commerce quand il a été violemment attaqué et battu par un agent de sécurité de proximité en présence d’agents de la police nationale en poste au commissariat urbain de Diourbel sous l’autorité desquels il opérait. La police a ensuite placé le boulanger en garde à vue et présenté au procureur le mercredi 27 mai qui l’a mis sous mandat de dépôt.
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Ces organisations déplorent que dans ce cas, comme dans de nombreux autres depuis l’instauration de l’état d’urgence le 23 mars 2020, la justice ait décidé de confier l'enquête au commissariat dont les agents sont mis en cause pour des actes de violence.
De telles enquêtes, qui ne remplissent pas les critères d’impartialité requis, permettent à la police de mettre hors de cause ses agents et d’imputer des charges suffisantes aux victimes pour s’assurer de leur condamnation.
Elles rappellent au parquet l’obligation qui lui incombe, en vertu de la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants que l’Etat du Sénégal a signée, d’enquêter et de poursuivre les auteurs d’actes de torture même en l’absence de plainte de la victime.
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De son côté, le nouveau commissaire récemment installé tente de calmer les esprits, non sans condamner la violence. "Il est vrai que tout ce qui s’est passé est de ma responsabilité, en tant que commissaire de la police. Mais j'ai été nouvellement installé et c'est mon intérimaire qui gère les affaires courantes. Et il le fait correctement. La violence, quelle que soit sa forme, reste toujours déplorable. Mais dans cette affaire, je dois aussi préciser qu'il existe deux versions différentes", a réagi le Commissaire divisionnaire Alassane Niane.
Il explique: "d'un côté, on rapporte que c'est l'ASP qui a agressé le boulanger, de l'autre on nous dit que c'est le boulanger qui, parce qu'il n'a pas digéré l'intervention de l'ASP qu'il connaît depuis longtemps, lui a donné le coup auquel l'agent a riposté. Mais dans tous les cas, il est du devoir de tout agent des forces publiques d'avoir de la retenue, et ainsi agir en toute responsabilité. J'invite tout le monde à une parfaite collaboration dans l'intérêt exclusif des populations locales", a-t-il conclu.