La presse sénégalaise faisait sa Une samedi sur le texte soumis cette semaine à des élèves de terminale de l'académie de Rufisque, près de Dakar, en guise d'examen blanc les préparant au bac.
Le texte est un passage de "More Tales of the City" ("Nouvelles chroniques de San Francisco"), de l'écrivain contemporain américain Armistead Maupin, lui-même activiste de la défense des droits des homosexuels.
Le texte est une lettre dans laquelle l'un des personnages principaux informe sa mère qu'il est homosexuel alors qu'elle-même milite activement contre l'homosexualité.
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Le choix de ce sujet a provoqué l'indignation à Rufisque et ailleurs, précisément à un moment où des organisations font entendre leur voix sur ce thème auprès d'un opinion réputée conservatrice dans un pays musulman à 95%. Elles réclament une criminalisation de l'homosexualité, orientation volontiers assimilée à une déviance occidentale, ou dénoncent l'oreille prêtée selon elle par le pouvoir aux défenseurs des droits des gays.
La loi sénégalaise punit les actes homosexuels de peines d'un à cinq ans de prison. Le Code pénal parle d'"acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe", sans considérer cela comme un crime.
"Rufisque ne sera pas la porte d'entrée des débauches dans ce pays", dit dans le journal Le Quotidien le président du mouvement Kaddu Teungueth, dont les membres sont allés selon lui demander des explications à l'académie de Rufisque.
L'épreuve a été retirée des douze lycées concernés, selon le ministère de de l’Education nationale cité dans la presse. Il dit aussi ne rien avoir à voir dans le choix du texte, les académies disposant de leur autonomie en la matière.
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"Les curricula et les programmes de notre système éducatif demeurent scrupuleusement adossés à nos valeurs et à nos croyances", indique le ministère sur son site internet.
Le ministère a ouvert "une enquête administrative pour situer toutes les responsabilités", dit-il. "Les responsables seront identifiés et des sanctions à la mesure de la faute seront prises aux fins d’empêcher qu’une pareille situation ne se reproduise", assure-t-il.
Le président Macky Sall, dont le pays est souvent cité en exemple d'Etat de droit en Afrique, a toujours invoqué les spécificités culturelles sénégalaises pour refuser une dépénalisation de l'homosexualité, y compris devant des dirigeants étrangers.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 23 mai à Dakar et ailleurs dans le pays pour réclamer la criminalisation de l'homosexualité.