Mali: Avant l'assiette, pieds de veaux et têtes de moutons entre les mains des chevillards

VidéoAvant de régaler les papilles des nombreux amateurs de soupe, les têtes d'agneaux et les pattes de veaux doivent passer entre les mains expertes des chevillards spécialisés dans leur nettoyage. Une activité qui permet à plusieurs femmes de gagner leur vie et même d'employer plusieurs collaborateurs.

Le 11/02/2022 à 16h01

Au Mali, les pattes d'agneau ou têtes de veau sont soigneusement nettoyées par des chevillards spécialisés qui les achètent aux abattoirs et les revendent à des gargotes, des particuliers, voire des restaurants. C'est donc par une soigneuse opération de nettoyage peu ragoûtant que passent ces organes d'animaux avant de finir dans les assiettes. 

Ce n'est pas la clientèle qui manque et encore moins la matière première, car le cheptel malien est le plus important de la zone UEMOA (toutes espèces confondues). Selon les sources officielles, l'élevage représente un quart du PIB primaire et environ un dixième du PIB national, soit le double des filières riz et coton réunies.

D'ailleurs, le Mali est un pays considéré aussi comme le plus grand exportateur de bétail sur pied vers les pays, comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Sur le plan national, après l’abattage de bœufs et de moutons à l’abattoir ou par les bouchers, certains viennent acheter les têtes de bœufs et de moutons, les pattes ou encore la queue de bœufs. Ils vont nettoyer ces organes pour ensuite les vendre. Au Mali, plusieurs personnes vivent des animaux car rien n’est jeté de bœufs ou de moutons.

En plus de l’exportation de leurs peaux vers le Ghana ou le Nigéria, un véritable business se développe autour des autres organes de bœufs et de moutons. Il y a des dames qui ont choisi comme métier la vente d’organes d’animaux. Elles achètent les pattes, les têtes, les langues, les queues et têtes de bœufs et de moutons, elles les donnent à certains jeunes qui enlèvent les poils avec de l’eau chaude.

Ces organes sont ensuite vendus au bord de certaines artères principales de la capitale malienne. Ceux qui ont un peu de moyens, en rentrant à la maison, selon leur pouvoir d’achat, achètent quelques pièces pour se régaler avec leurs familles le matin avant d’aller au boulot. De plus, la viande patente leur est conseillée par certains médecins. Avant, les pattes ne coûtaient que 750 fcfa, mais aujourd’hui, il faut payer 2000, voire 3000 fcfa pour avoir une paire de pattes. Les clients achètent selon leur convenance et pouvoir d’achat.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 11/02/2022 à 16h01