Sénégal: la colère d'Aliou Cissé face à la dégradation des infrastructures sportives

L'état du stade LSS rend trés en colère l'entraineur national

L'état du stade LSS rend trés en colère l'entraineur national. DR/

Le 30/06/2017 à 14h43

Très remonté contre les autorités, l’entraîneur de l’équipe nationale de football du Sénégal menace de délocaliser les rencontres internationales de l’équipe au vu de la dégradation des infrastructures sportives.

Il est révolu le temps où le stade Léopold Sédar Senghor de Dakar était fièrement appelé le «nouveau stade» par les Sénégalais. A l’instar de toutes les infrastructures sportives du pays, le stade dans lequel l’équipe nationale de football du Sénégal dispute ses rencontres internationales n’est plus aux normes.

La pelouse est actuellement dans un état de délabrement avancé. Le constat est assez inquiétant pour mettre en colère Aliou Cissé.

L’entraîneur de l’équipe nationale de football menace de délocaliser de Dakar les rencontres internationales du Sénégal qualificatives à la Coupe du Monde 2018.

Son amertume se lisait sur son visage après sa visite des lieux, cette semaine. Malgré des travaux de remise en état effectués au cours des derniers mois, la pelouse du stade est toujours en piteux état.

Toutefois, Aliou Cissé n’a pas fait de révélations sur la stratégie à adopter à l’occasion des prochaines rencontres contre le Burkina Faso.

En éliminatoires de la prochaine Coupe du Monde 2018, les «Lions de la Téranga» devront rencontrer les «Etalons» du Burkina Faso en aller et retour à Dakar et à Ouagadougou les 28 août et 3 septembre 2017. Cependant avant cette double confrontation, le sélectionneur national a tenu à faire part à la direction du stade de son mécontentement à propos du mauvais entretien du gazon. Selon Aliou Cissé, «il est hors de question de recevoir les Burkinabè sur une pelouse non réglementaire».

Ayant été mis au parfum de la décision du coach de programmer les matches dans un autre stade, Cécile Faye, la directrice du stade a voulu convaincre Aliou Cissé de sa volonté de remettre à niveau la pelouse. Actuellement, techniciens et ouvriers, sous la demande de Cécile Faye, sont en train de s’activer pour être aux normes le jour de la rencontre du 28 août prochain contre le Burkina Faso.

En ce moment, «Ils sont en train de désherber la pelouse et ils y mettront ensuite du fertilisant pour permettre au gazon de mieux pousser. L'épandage de terreau universel sera accompagné par de l’engrais. Par la suite, viendra l’arrosage», informe-t-on du côté des techniciens.

Ce triste constat n’honore pas le Sénégal qui ambitionne de participer pour une deuxième fois, après 2002, à une phase finale de Coupe du Monde.

Aucune pelouse en état normal au Sénégal

La plupart des stades du Sénégal ne présentent pas de pelouse réglementaire. Il suffit de faire un tour au stade Demba Diop de Dakar pour s’en rendre compte. A cause des combats de lutte qui y sont organisés, la pelouse synthétique a du mal à rester en bon état. Chaque weekend de lutte, les organisateurs y étalent des bâches en plastique pour ensuite y déverser des quantités de sable. De leur côté, les lutteurs et leurs staffs ne sont pas exempts de reproches. Ces multiples agressions subies par cette pelouse ne sont pas conformes avec les recommandations de la FIFA. Sans ces agressions et un bon entretien, une pelouse synthétique peut durer 10 ans.

L’entrepreneur Mbaye Faye qui était chargé de la réfection de la pelouse du stade Demba Diop a d'ailleurs récemment levé la garantie à cause du non-respect de ces recommandations.

Un pays de sport sans stades réglementaires

Situés à Dakar, les stades Léopold Sédar Senghor et Demba Diop sont les plus en vue mais aucune ville du Sénégal n’est épargnée par la dégradation des infrastructures sportives.

Dans la ville de Thiès, à 70 kilomètres de Dakar, le stade Lat Dior aussi appelé «nouveau stade», n’est même pas praticable. Confiée au même entrepreneur Mbaye Faye depuis le 6 avril 2017, la réfection de ce stade tarde à s'achever. Les délais de livraison n’étaient que de 6 mois pour un coût de 1 milliard 75 millions de francs CFA (1,6 millions d’euros). Mais malgré un avenant de 550 millions de francs CFA (977 000 euros), voilà 2 ans que les travaux de réfection de ce stade traînent.

Malheureusement, l’état de délabrement de ces 3 stades n’est que la partie visible de l’iceberg. Ainsi, le Sénégal ne dispose pratiquement plus de stades aux normes. A cause du manque de stadium de basket aux normes internationales, ce pays qui totalise 20 médailles dont 11 en or, 6 en argent et 3 en bronze en catégorie féminine en coupe d’Afrique de basket, n’arrive plus à accueillir de compétitions. C’est d’autant plus frustrant qu’en catégorie Sénior masculin, le Sénégal a remporté 5 médailles d’or, 6 d’argent et 4 de bronze.

Et aucune discipline sportive n’est épargnée. A titre d’exemple, on peut citer le tennis et la course hippique qui restent les parents pauvres du sport sénégalais. En dépit du nombre important de turfistes au Sénégal, le pays ne dispose toujours pas d’hippodromes qui répondent aux normes internationales.

Avec un tel manque d’infrastructures sportives, ce serait difficile de demander aux footballeurs, basketteurs et athlètes sénégalais d’être plus performants.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 30/06/2017 à 14h43