Encore une fois, 8 jeunes sénégalais payent de leur vie, et 100 autres restent cloués aux lits des hôpitaux pour tout simplement avoir voulu assister à la finale de leur équipe, un après-midi du 15 juillet 2017. Le drame qui s’est déroulé ce samedi au stade Demba Diop de Dakar a choqué la plupart des Sénégalais qui sont partagés entre compassion, amertume et même colère.
Et pourtant, ce drame aurait pu être évité si les autorités avaient prêté une oreille attentive à certains Sénégalais qui ont tenté d’attirer leur attention sur la vétusté du stade en question, sur l’indiscipline et la violence qui y règnent à l’occasion des rendez-vous sportifs.
Depuis quelque temps également, la société civile et les citoyens sensibilisent sur l’irresponsabilité de certains agents de la police qui ignorent la mission de maintien de l’ordre qui leur est confié.
Le laxisme coupable de l’Etat
Déjà en début d’année, certains responsables avaient attiré l’attention des autorités sur la vétusté du stade Demba Diop qui, depuis sa construction en 1963, n’a pas connu de rénovation au niveau des gradins. «Le bâtiment est en état de délabrement très avancé. Nous allons faire le rapport qui sera remis à l’autorité», avait alerté Ndèye Guennar Mbodj. L’adjointe au préfet de Dakar avait ainsi fait ce constat à l’occasion d’une visite des lieux avec Ousmane Ndiaye, le directeur du stade et des agents de la Protection civile.
Elle avait également informé de la rénovation du stade Demba Diop, dés que celle du Stade Léopold Sédar Senghor aurait été terminée. «Les autorités ont commencé les travaux du stade Léopold Senghor et dès la fin de ces travaux, ceux de ce stade devraient être engagés pour la sécurité de tout le monde», avait-elle fait savoir, en faisant allusion au stade Demba Diop. Mais, en dehors de la peinture et le changement du gazon en pelouse synthétique, rien n’a été fait à ce niveau.
Lire aussi : Vidéo. Sénégal: au moins 8 morts dans une bousculade lors de la finale de la Coupe de la Ligue
Plus récemment également, le journaliste Cheikh Tidiane Gomis avait attiré l’attention des autorités sur le comportement déplorable de certains passionnés des équipes de foot. Ces passionnés ignorent, dans la plupart des cas, l’esprit et les vertus du sport et viennent souvent au stade avec des armes blanches.
«Je crains que la finale de la coupe de la Ligue soit entachée de violence», avait-t-il lancé, à l’occasion d'une émission de télé. A ce titre, il avait même proposé de délocaliser cette finale qui devait se dérouter au stade Demba Diop de Dakar, «dans une autre région du Sénégal comme Ziguinchor». Selon lui, une telle disposition aurait procuré plus de sécurité aux amateurs de football. Malheureusement, lui non plus n’a pas été écouté.
La violence comme unique moyen de dissuasion pour la police
La plupart des spectateurs qui ont assisté à la finale de la coupe de la Ligue, ce samedi 15 juillet, ont accusé les agents de la police d’être, en grande partie, responsable de la mort des 8 jeunes.
Comme le montrent bien les images, le service d’ordre a bien tiré des bombes lacrymogènes dans les gradins qui étaient bondés de spectateurs. Du coup, ces policiers ont obligé tout le monde à se sauver vers le mur des gradins qui avait fini par céder. En tombant ainsi, la plupart d’entre eux ont été écrasés. «Au lieu de maintenir l’ordre au moment où la tension était à son comble au stade, les policiers ont, au contraire, semé le désordre en jetant les grenades lacrymogènes au milieu de la foule», a crié, fou de rage, un spectateur dont le frère fait partie des morts.
Et pourtant, en visionnant les images des policiers qui tabassaient un jeune qui n’avait pas opposé de résistance, durant les récents évènements de Touba, tous les Sénégalais étaient choqués. Et toute la société civile s’était levée pour dénoncer cette violence dont fait preuve la police a l’égard des citoyens. A cette occasion, la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho) et la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) avaient décrié «l’usage excessif de la force lors d'opérations de maintien de l’ordre».