Accidents, concurrence, rémunération... l’angoisse des livreurs de repas de Libreville

Un livreur de repas à Libreville.

Le 09/08/2024 à 15h05

VidéoDepuis quelques années, plusieurs jeunes se sont lancés dans la livraison de repas aux employés d’entreprises et d’administrations à la pause-déjeuner et se sont ainsi substitués aux cantines ou aux bistrots du coin. Ces sont, pour la plupart, des indépendants ou travaillent pour une startup.

Désormais indissociables du paysage urbain, les livreurs de repas sont visibles dans presque tous les quartiers de Libreville, là où ils peuvent garer leur scooter ou moto. Comme des dizaines d’autres qui opèrent en ville, Issiaka Chaka Zulu est reconnaissable à sa sacoche quadrangulaire. Il prend son départ depuis le quartier Glass pour une moyenne de 5 à 10 livraisons par jour. «On part dans les bureaux et les grandes sociétés et on livre les personnes qui font des commandes», dit-il. De nationalité béninoise, Issiaka travaille pour un restaurant. Avant d’accepter une course, il vérifie d’abord le trajet et la tarification. Son téléphone sonne: une course lui est proposée à 2.500 francs CFA.

Sa rémunération dépend de la distance et du montant de la commande. Il faut donc aller au restaurant le plus vite possible, pour la récupérer. Ensuite, filer au bureau du client.

Mais la livraison des repas au bureau ne séduit pas encore certains Librevillois. Employé du secteur privé, Michel, préfère faire le déplacement dans les restaurants classiques pour déjeuner. «Je vais manger dans un restaurant asiatique. En réalité, je suis de la vieille école donc je préfère être servi au resto où j’ai l’avantage de partager le midi avec mes collègues et faire la rencontre d’autres personnes», déclare-t-il.

Sur cette ruelle très fréquentée du centre-ville où les restaurants et fast- foods les plus connus se font face, les coursiers défilent et se faufilent entre les véhicules et les passants, ils entrent chercher leurs commandes et repartent tout aussi vite apporter les victuailles tant attendues.

Certains d’entre eux évoquent les difficultés de leur travail, tout comme la chance d’en avoir en cette période de hausse de chômage. Ce qui les préoccupe le plus, ce sont les risques d’accident de la route. «C’est un métier pas tout à fait facile. Je conseille le port du casque à mes collègues. On doit connaître le code de la route. Parce que la livraison sur moto c’est une question de vie ou de mort. Il faut surtout éviter d’être pressé sous la pression des clients. Il faut surtout avoir ses papiers à jour. Parce qu’en cas d’accident, l’assurance ne peut pas vous prendre en charge», explique Bâ Mamadou, ce jeune sénégalais qui s’apprête à livrer un client du ministère des Travaux publics.

Ce travail, physiquement éreintant, et peu rémunéré, ne profite à ces acteurs qu’après un investissement de plusieurs centaines de milliers de francs CFA pour l’achat ou la location d’une moto. Et c’est parce qu’il faut servir chaud et vite, beaucoup de livreurs s’engagent dans une course contre la montre sans se soucier du respect des règles de la circulation. Quant à la rémunération, elle dépend du nombre de rotations. La concurrence devient donc féroce, car il y a souvent plus de livreurs prêts à travailler que de plats à livrer.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 09/08/2024 à 15h05