Burkina Faso: le délestage s’incruste durablement dans le quotidien des ménages et des entreprises

Un atelier de menuiserie métallique.

Le 11/04/2024 à 15h03

VidéoLes coupures intempestives qui pénalisent les entreprises et causent bien de désagréments aux citoyens pourraient durer encore un bon moment. Récemment encore, le directeur général de la Société Nationale d’Electricité reconnaissait le grand écart entre la puissance installée et la consommation réelle. Reportage auprès d’artisans de Ouagadougou.

Depuis plusieurs jours, les restrictions d’approvisionnement en électricité causées par les coupures de courant affectent non seulement les ménages mais aussi l’activité économique.

«Nous vivons des temps difficiles. Les coupures d’électricité ralentissent notre travail. Parfois, nous passons toute la journée sans rien faire. Nous recevons actuellement un grand nombre de commandes. En conséquence, nous ne pouvons pas respecter notre planning», regrette Urbain Compaoré, soudeur au quartier Kouritenga de Ouagadougou.

Selon les statistiques de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL), le taux de recouvrement des créances en 2022 était de 98,90%. En dépit de ce niveau appréciable, les investissements sont faibles et l’entreprises ne parvient toujours pas à assurer son activité comme le souhaiteraient ses clients, les burkinabè. Une situation qui met les autorités dans une position inconfortable.

Pour tenter de faire baisser la tension, le directeur général de la Société Nationale d’Electricité (SONABEL), s’était exprimé à la télévision nationale, le 3 avril 2024. Souleymane Ouédraogo avait alors reconnu le grand écart entre la consommation et la puissance installée. «Il faut retenir qu’il y a un déficit important en matière d’investissement dans le secteur. Entre 2011 et 2024, la puissance additionnelle demandée par les clients de la Sonabel est estimée à environ 500 mégawatts. Sur cette même durée, les investissements qui ont été réalisés pour accroître la puissance ont permis de mobiliser 222 mégawatts. Nous avons donc un énorme écart entre les attentes, les besoins de l’économie burkinabè et ce qui a pu être réalisé en termes d’investissement

Aveu des responsables ou pas, dans salon de coiffure, Atemani aurait souhaiter accueillir ses clients dans de meilleures conditions. Mais lorsqu’il fait et chaud et que la clim ne fonctionne pas, il est difficile de les satisfaire.

«Les derniers jours ont été difficiles pour nous. Certains clients ne supportent tout simplement pas le manque de commodités. D’autres acceptent de se faire coiffer dans la chaleur, mais il ne sont pas nombreux», déplore Atemani, coiffeur.

Pour le gouvernement, le solaire tout comme le nucléaire restent des réponses structurelles pour faire face à l’offre limitée de ressources. Mais pour minimiser l’impact du délestage, certains usagers voudraient faire part de leurs suggestions.

«S’ils pouvaient mettre l’électricité à notre disposition à partir du matin et couper après 23 heures, cela pourrait nous permettre de travailler sans aucun problème», propose Atemani.

Depuis le début du mois d’avril de cette année, les coupures intempestives du courant électrique interviennent alors les températures oscillent entre 43 et 45°C. Cette simultanéité serait à l’origine de bien de soucis de santé pour de nombreux individus, en particulier les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires.

Par Jean Paul Windpanga Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 11/04/2024 à 15h03