«Le jeudi 27 avril, les autorités ont fait arrêter l’activiste Wendpouire Charles Sawadogo qui avait été convoqué et auditionné par la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC)», écrit le porte-parole du collectif, Arouna Louré, dans un communiqué.
«Il lui serait reproché le délit d’intelligence avec l’étranger en vue de destituer le régime en place», a-t-il précisé.
Célèbre lanceur d’alerte très suivi sur les réseaux sociaux selon M. Louré, Wendpouire Charles Sawadogo est membre du collectif qui regroupe «des victimes ayant été la cible directement et individuellement de nombreuses menaces de mort et de violences pour le simple fait d’avoir une opinion contraire» au pouvoir.
Demandant au gouvernement «de cesser cette traque des journalistes, activistes et leaders d’opinion», le collectif a exigé «la remise en liberté sans délai de M. Wendpouire Charles Sawadogo», soulignant qu’il «pourrait répondre de faits qui lui sont reprochés dans les règles devant le juge».
Selon M. Louré, les membres du collectif «vivent dans l’angoisse quotidienne et subissent l’acharnement, la répression et le harcèlement», notamment à travers du pistage régulier et «la mise sur écoute des téléphones, les insultes, la diffamation, la calomnie».
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L’organisation indique également avoir «pris connaissance» d’une «liste noire» de membres de la société civile, un document qui servira, selon elle, aux autorités pour procéder à de nouvelles arrestations.
Vendredi, «Les Femmes solidaires du Faso», une organisation réunissant une cinquantaine d’associations féminines, a appelé les autorités de la transition à «mettre fin au populisme, la manipulation, la propagande».
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Fin mars, d’autres organisations de la société civile avaient exprimé leur inquiétude après des cas d’«enlèvement» et d’«enrôlement forcé» de citoyens comme supplétifs de l’armée dans la lutte contre le jihadisme, et dénoncé la «négation récurrente et systématique des libertés d’opinion».
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.
Le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch en septembre, avait exprimé vouloir «recentrer la transition sur les urgences sécuritaires».