«Dans les écoles publiques, il y a un laisser-aller». Les propos de ce père de famille, qui se plaint de la qualité de l’enseignement de l’Etat, sont approuvés par une mère qui atteste que «dans les écoles privées, on s’occupe bien des enfants et puis on peut négocier le prix». Ces deux témoignages recueillis à Yaoundé où «les écoles clandestines gagnent du terrain» comme le reconnaît le directeur d’école Mfounou Essomba Polycarpes, trahissent le succès des écoles privées au Cameroun. Un succès qui n’est cependant pas sans un réel danger.
Au mois d’août dernier, le ministère l’Éducation de base publiait des chiffres qui ont de quoi jeter le discrédit sur l’enseignement privé: pas moins de 722 établissements de ce secteur ont été sommées de «cesser toute activité et ne seront autorisées à reprendre leurs activités qu’après régularisation de leur situation administrative.» Et pour faire appliquer cette décision, certains responsables de régions se sont même fait aider par les forces de l’ordre.
A Yaoundé, comme dans d’autres régions du pays, il y a des écoles sont construites dans presque toutes les zones, urbaines et enclavées. Ce qui rend l’école accessible à tous, à l’exception de quelques localités des régions septentrionales et de l’Est. Si aucun débat ne se pose pour les écoles publiques dotées des autorisations nécessaires, tel n’est pas le cas pour les établissements scolaires privés.
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Mais la question qui se pose si d’aventure cette mesure gouvernementale est appliquée à la lettre est la suivante: où vont aller les enfants qui y sont inscrits? Un parent d’élève à qui cette question a été posée a eu cette réponse qui résume toute la problématique de l’enseignement au Cameroun, «l’année dernière, je n’ai pas pu récupérer le bulletin de mon fils parce qu’il me manquait 40.000 francs et il n’a pas pu composer la dernière séquence du 3e trimestre» témoigne-t-il laissant entendre que si les écoles clandestines venaient à fermer «je vais assumer car je ne suis pas allé là où c’est fiable». Une hésitation qui en dit long sur le désarroi des familles.
Et malheureusement, les citoyens font de plus en plus face aux établissements scolaires clandestins, c’est-à-dire ceux construits sans aucune autorisation légale et donc qui ne sont pas reconnues par l’Etat. Ces écoles sont généralement opèrent dans des maisons d’habitation transformées pour la circonstance et certaines sont même construites en matériaux provisoires. Cela concerne particulièrement les écoles maternelles, primaires et secondaires.
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Les pouvoirs publics s’inscrivent en faux contre cette pratique qui met en mal l’éducation des enfants, puisque le fonctionnement d’une école privée ou publique est conditionné par le respect des curricula d’enseignement qui ne sont malheureusement pas maîtrisés par ces aventuriers.
Et les parents se font régulièrement escroquer par ces promoteurs véreux aux intérêts purement pécuniaires. Les parents victimes de ces abus sont des personnes à la recherche d’écoles avec des tarifs moins onéreuses.