Cameroun: et si le chef est une femme?

Une rue de Yaoundé, la capitale du Cameroun.

Le 12/09/2024 à 11h21

Au Cameroun, les chefferies traditionnelles sont réservées aux hommes. L’idée de voir confier une telle responsabilité à une femme ne passe toujours pas. Une posture en nette contradiction avec les nouvelles politiques pratiquées à travers le monde et qui impliquent la femme dans l’ensemble des cercles de prise des décisions.

Les Camerounaises aimeraient aussi diriger les chefferies traditionnelles comme le font les hommes depuis la nuit des temps. Cette revendication est constamment reprise par plusieurs organisations de la société civile qui entendent promouvoir les droits des personnes vulnérables notamment ceux des femmes.

Il faut rappeler que la succession à la tête des chefferies traditionnelles se fait au Cameroun de père en fils après constatation de la vacance du poste de chef des suites de décès. Vacance constatée par les notables de la localité concernée.

S’il est de coutume que c’est le premier né de la famille qui remplace le chef décédé, il n’en demeure pas moins qu’un autre fils peut être désigné par les notables si l’aîné est déchu ou souffrant d’une incapacité liée à sa santé. Le mode de désignation dépend tout de même des coutumes ancestrales de chaque ethnie mais les femmes sont difficilement choisies au premier plan, voire jamais.

«Je ne peux pas admettre qu’une femme soit cheffe traditionnelle. Cela signifierait que nous nous sommes détournés de nos valeurs ancestrales», cette opinion de Tameza Paul, un habitant de la Yaoundé, est largement répandue au sein de la société qui préfère «que la femme, si elle a de bonnes idées, elle n’a qu’à les transmettre à un homme

À la question de savoir qui succèderait à un chef traditionnel qui n’a eu que des filles? Fouda Ayissi Parfait, un autre habitant de la capitale, a une réponse à toute épreuve, «dans ce cas, la coutume veut que l’une des filles donne naissance à un garçon qui prendra plus tard la tête de la chefferie de son grand-père».

Il est important d’indiquer que le Cameroun connait trois types de chefferie traditionnelle notamment les chefferies traditionnelles de 3ème degré qui sont les moins importantes, les chefferies traditionnelles de 2ème degré, les moyennes et les chefferies de 1er degré qui sont les plus valorisantes.

Les chefs traditionnels sont généralement dépositaires des valeurs coutumières ancestrales au service de tous les habitants de la localité. Les femmes qui sont sollicitées dans les chefferies occupent le plus souvent le poste de notable. Quelques-unes sont des cheffes traditionnelles notamment dans les régions du Sud, du Centre et de l’Est.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 12/09/2024 à 11h21