Cameroun. Inondations récurrentes à l’Extrême-Nord: à quand une stratégie sur le long terme?

Inondations dans l'extrême nord-est du Cameroun.

Le 17/12/2025 à 12h02

Aux confluents des fleuves Logone et Chari, l’Extrême-Nord du Cameroun est régulièrement frappé par des inondations qui coûtent la vie à de nombreuses personnes et laissent des milliers d’autres démunies. L’intervention gouvernementale à long terme est des plus urgentes.

Chaque année, les inondations dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun causent de lourdes conséquences humanes: déplacements massifs des populations, pertes humaines, destruction de maisons, perte de bétail, risques sanitaires...

En 2024, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU rapportait qu’à l’Extrême-Nord du Cameroun, «les pluies torrentielles ont détruit plus de 56.000 maisons, inondé des dizaines de milliers d’hectares de cultures, et causé la perte de milliers d’animaux. Plus de 67.000 ménages, soit environ 365.000 personnes, ont été affectés. Les besoins prioritaires concernent les vivres, les abris, articles ménagers essentiels, l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la santé"

Il faut savoir que l’Extrême-Nord Cameroun est la région la plus peuplée du pays et aussi l’une des plus démunie. Les populations de cette région frontalière du Tchad et du Nigéria, vivent essentiellement de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture. L’élevage et l’agriculture assurent plus de 90% de leurs revenus.

Cependant, ces activités ont pour théâtre une nature plutôt sévère. «Au Cameroun, la région de l’Extrême-Nord est sujette à un climat semi-aride, amplifié par des dérèglements climatiques de plus en plus fréquents, avec des effets plus graves sur la vulnérabilité des populations rurales, en particulier celle des petits producteurs» rapporte l’Organisation onusienne en charge de l’agriculture et de l’alimentation (FAO).

Face à cette difficile situation, le gouvernement et ses partenaires comme le Fonds des Nations unies pour l’enfance et le Japon apportent régulièrement leur assistance aux populations sinistrées. Comme en témoigne Hagam Kalsoule chef traditionnel du village Guiriou-Grand. «Le gouvernement nous donne chaque année des aliments thérapeutiques pour lutter contre la malnutrition chef les enfants de moins de cinq ans depuis que nos villages sont entrés dans le programme. Pour cela, je les remercie vivement», a-t-il déclaré.

En 2022, la cinquième enquête camerounaise auprès des ménages révélait que s’agissant de pauvreté «les taux les plus élevés sont enregistrés dans les régions d’enquête de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Nord».

Dans cette région difficile, et en dehors des conséquences graves sur la santé des populations, l’accès aux villages est quasiment impossible durant les inondations.

Golonga Charles est un habitant du village Vélé situé à la frontière entre le Cameroun et le Tchad. «Pendant les inondations, plusieurs habitants se arrivent ici à l’aide des pirogues. Certains sont obligé de marcher sur une distance d’environ 30 kilogrammes», a-t-il témoigné.

Il est ainsi urgent de trouver des solutions pérennes afin de sortir ces citoyens camerounais de ce pétrin. Pour cela, plusieurs experts suggèrent au gouvernement de construire des digues pouvant éviter ou réduire les dégâts occasionnés chaque année.

Il faut rappeler que la région de l’Extrême-Nord Cameroun est l’une des régions les plus pourvues en eau du pays en raison de sa proximité avec le bassin versant des fleuves Logone et Chari du Tchad.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 17/12/2025 à 12h02