Cameroun: «Je suis Pygmée, lui Bantou», le mariage intercommunautaire gage de cohésion sociale

Mariage

Le 18/05/2024 à 13h05

VidéoDu nord au sud, d’est en ouest, il n’y a aucune barrière au mariage des Camerounais qui peuvent s’unir sans aucune restriction ethnique ou communautaire. Cette liberté de choix du conjoint donne tout son sens à la cohésion sociale.

Le Cameroun compte un peu plus de 250 ethnies reparties dans un territoire de 475.442 km². Les groupes ethniques les plus représentatifs sont les Fangs, les Bamilékés, les Bamouns, les Doualas, les Mboums, les Makas et les Mandaras. Entre ces communautés et bien d’autres, aucune restriction lorsqu’il est question de mariage n’est admise ni par les lois du pays ni par les coutumes.

Aux quatre coins du pays, les liens du mariage sont sacrés et la célébration repose sur le bien-être des époux bénis selon les traditions africaines. Ce sont ces valeurs ancestrales, reprises par le droit écrit, qui orientent le pouvoir de gouvernance des peuples depuis l’indépendance en 1960.

Ainsi, deux personnes issues de différentes communautés peuvent se marier sans aucun problème. Des unions qui participent à matérialiser le vivre ensemble harmonieux entre communautés, gages de la cohésion sociale et met le pays à l’abri des guerres tribales et des tensions intercommunautaires.

A Yaoundé, elles se comptent en milliers, les personnes qui ont choisi de partager leur vie avec leurs concitoyens d’autres communautés. Georges en fait partie: «C’est depuis 21 ans que je vis avec ma femme. Elle est de la région de l’extrême-nord et moi je suis du Centre. J’avoue qu’au départ, ce choix n’avait pas été accepté par ma famille qui prétextait la très longue distance entre Yaoundé et Kousseri (1.535 km, ndlr). Mais avec le temps, tout le monde s’est plié à notre choix et aujourd’hui nous sommes heureux», a-t-il déclaré.

Plus loin, c’est une dame qui exprimait sa joie d’avoir rencontré l’homme de sa vie il y a 14 ans. «Je suis Pygmée comme vous pouvez bien le remarquer par ma petite taille, mais cela n’a pas empêché que mon mari me choisisse parmi tant de femmes qu’il y avait dans notre quartier. Il est Bantou et la cohabitation entre nos deux peuples n’est pas souvent reluisante parce que certaines personnes nous considèrent encore comme des gens primitifs puisque nous vivons encore dans la forêt».

Il en est de même pour cette dame originaire du nord-ouest qui vit paisiblement avec son mari au quartier Mendong à Yaoundé. Dame Achu s’exprime couramment en Ewondo, la langue maternelle de son mari. Des mariages intercommunautaires qui facilitent l’intégration nationale des peuples dans un pays dont le développement repose sur la cohésion sociale.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 18/05/2024 à 13h05