Les Camerounais se faisaient établir la Carte Nationale d’Identité (CNI) à 6.000 Fcfa. Cette somme englobait le coût du certificat de nationalité, les frais de légalisation de l’acte de naissance et le coût proprement dit d’établissement de la CNI dans un poste d’identification.
Pour compter de l’année en cours (2024), l’établissement d’une CNI passe à 10.000 Fcfa soit une augmentation de 4.000 Fcfa. Ce qui n’est pas du goût de certains citoyens qui voient cette augmentation trop exagérée. Une dame confie à ce sujet «nous vivons déjà dans des conditions très difficiles. Sortir encore 10.000 Fcfa pour une pièce officielle dont l’établissement aurait dû être gratuit est incroyable. Je pense que le gouvernement fait tous les efforts pour nous asphyxier». Plus loin c’est un jeune homme lamentait, «C’est le peuple qui va continuer de souffrir. Nous sommes vraiment dépassés.»
Même la revalorisation de 5 % du salaire minimum décidée en février dernier n’apaise pas ce sentiment d’impuissance devant un coût de la vie en hausse continue. Après cette augmentation, le salaire minimum uniquement valable pour le secteur public, passe à 44.000 FCFA. Les 10.000 FCFA pour la CNI représentent donc le tiers du salaire minimum. Plus inquiétants encore, les résultats de la cinquième enquête sur les ménages publiés en avril dernier: près de deux Camerounais sur cinq vivent en dessous du seuil national de pauvreté, estimé à 813 FCFA par jour et par personne. «Avec ce seuil, ce sont environ dix millions de personnes qui vivent dans la pauvreté en 2022, pour une population totale estimée à environ 27 millions d’habitants».
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Il faut tout de même mentionner que l’augmentation du coût de la CNI implique une certaine amélioration du service rendu pour l’établissement de cette pièce officielle. Un guichet unique évitera désormais aux demandeurs des pertes du temps entre la demande d’un certificat de nationalité et la légalisation de l’acte de naissance.
La nouvelle CNI sera établie dans un délai de 48 heures au plus tard si le demandeur présente toutes les pièces justifiant sa nationalité camerounaise et sa profession, le cas échéant. Cerise sur le gâteau, à en croire les autorités, la validité d’une CNI est passée au Cameroun de 10 ans à 15 ans.
C’est le résultat de l’accord, signé en mai 2024 avec l’Allemand Augentic GmbH qui devra fournir des CNI biométriques délivrables sous 48 heures après le dépôt du dossier de la demande de ce document officiel sans lequel aucun démarche administrative n’est possible. Augentic GmbH «sera chargé de construire trois centres autonomes de production de la carte nationale d’identité à Yaoundé, Douala et Garoua. Il sera également chargé de construire des centres modernes d’enrôlement avec un minimum de quinze postes d’enrôlement dans chaque chef-lieu de région.»
Des reformes globalement bien appréciées par plusieurs autres Camerounais qui souhaitent tout de même que le délai de 48 heures soit respecté par la délégation générale à la sureté nationale. En rappel, de milliers de citoyens souffrent du manque de cette pièce officielle alors qu’ils ont dûment déposé leurs dossiers de demande conformément à la réglementation en vigueur.