Les récents incidents remontent de ce mois de juin, un immeuble de trois étages s’est écroulé dans le quartier de Cocody, faisant deux morts et de nombreux blessés. Cet incident n’est pas isolé: depuis le début de l’année 2024, une quinzaine d’effondrements majeurs ont été recensés à Abidjan et à l’intérieur du pays notamment à Yamoussoukro où un écroulement récent a causé la morts de huit personnes. Les quartiers populaires de Yopougon et d’Adjamé ne sont pas non plus épargnés par ces épisodes meurtriers. Les causes de ces effondrements sont multiples, allant de la mauvaise qualité des matériaux de construction à l’absence de respect des normes de sécurité.
Les Ivoiriens dans leur entièreté vivent de plus en plus dans une angoisse constante. «Ces éboulements de maisons en Côte d’Ivoire surtout ici à Abidjan sont inquiétants. On ne dort plus tranquillement. Les entrepreneurs, les architectes ne font plus leur travail», déplore Ange Kelly, secrétaire de direction, résidente d’un immeuble voisin de celui qui s’est effondré à Cocody. La peur de voir les domiciles s’effondrer à tout moment hante les esprits et affecte profondément la vie quotidienne des Abidjanais.
Effondrement d'immeubles à Abidjan.. le360 Afrique/Djidja
Les responsabilités en question sont partagées. Ces immeubles qui s’écroulent comme des châteaux de cartes, et qui font de nombreuses victimes sont mis à l’actif des entrepreneures et le ministère de la Construction. A Abidjan, «les règles de sécurité en matière de construction sont foulées au pied par des entrepreneurs du bâtiment», estiment certains Ivoiriens. Une situation qui jette le discrédit sur toute la corporation.
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«Le problème est à rechercher au niveau des maçons. Les entrepreneurs ne voient que leurs gains. Ils font construire leurs bâtis à la hâte», dénonce Kalou J.P, chauffeur de taxi. Quand plusieurs pointent du doigt les autorités ivoiriennes, notamment le ministère de la Construction, du logement et de l’urbanisme (MCLU) et les architectes.
De nombreux citoyens accusent les responsables du ministère de négligence et de corruption. «Ce sont les agents de contrôle du ministère qui veulent nous tuer. Ils sont tous corrompus. Ils prennent des pots de vin quand bien même qu’ils remarquent des défaillances sur les chantiers», dénonce Coulibaly Biba, furieuse. Elle et sa famille sont actuellement victimes des dégâts collatéraux d’un effondrement dans la commune d’Adjamé.
Et Assirou Djibril d’ajouter, «la Première cause responsable de l’écroulement des immeubles, ce sont des fondations qui ne sont pas adaptées à la nature de la future construction. Les matériaux utilisés, notamment le sable, le gravier, le ciment et le fer à béton, ne sont pas toujours conformes aux normes en vigueur. Quand l’entreprise chargée de construire un bâtiment n’a pas les compétences requises, cela constitue la troisième cause, à côté desquelles s’ajoute le manque de quelques techniques nécessaires dans le chainage lors des constructions», explique Assirou Djibril, ingénieur en bâtiment.
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«Les permis de construire sont délivrés sans aucun contrôle rigoureux. Les entrepreneurs utilisent des matériaux bon marché pour maximiser leurs profits au détriment de la sécurité», dit Serge Yao, Opérateur économique.
Le cadre réglementaire en matière de construction est également remis en cause. Les normes actuelles, souvent obsolètes, ne semblent pas adaptées aux défis d’une urbanisation rapide et massive. «Nous devons réformer en profondeur notre réglementation pour garantir des constructions sûres et durables», suggère Koffi Kouadio, président de l’Ordre des architectes de Côte d’Ivoire.
Face à cette crise, quelles sont les mesures nécessaires pour y remédier et prévenir de nouveaux effondrements? La réponse réside dans une action collective de prise de conscience. «Il faut une véritable prise de conscience et un engagement de tous les acteurs pour que ces tragédies cessent», insiste l’ingénieur.
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«Il est impératif de prendre des matériaux de construction solides pouvant supporter les charges lourdes (des fers de 12 cm de diamètre au minimum. Ne pas acheter les contrefaçons vendues sur le marché non-conformes à la réglementation des matériaux de construction». «Travailler avec un architecte et des professionnels du cadre bâti, qui doivent être présents à toutes les étapes de la construction. Cela permet de s’assurer de la conformité», Conseille-t-il. Et de conclure, «que les financiers mettent moins de pression sur les constructeurs et entrepreneurs pour que ceux travaillent avec amour».
Les effondrements d’immeubles à Abidjan sont devenus symbole de la fragilité du système de construction en Côte d’Ivoire et mettent à nu des problématiques profondes liées à l’urbanisation rapide et à la régulation des constructions. Alors que les habitants réclament justice et sécurité, il est impératif que les autorités agissent avec fermeté et transparence pour prévenir de nouvelles tragédies.