Côte d’Ivoire: à Adjamé, le sempiternel bras de fer entre commerçants ambulants et autorités municipales

Le 06/04/2023 à 09h11

VidéoAu lendemain de la crise post-électorale de 2010-2011, le boulevard Nangui Abrogoua, au centre d’Abidjan, avait été libéré de l’occupation illégale des vendeurs ambulants. Cette opération, qui s’est répétée à maintes reprises, vise à assainir cette voie principale ainsi que les autres artères afin de lui donner une fière allure. La mission de la police municipale s’avère des plus ardues.

Dans l’objectif de donner une belle image à la commune d’Adjamé, les autorités municipales ont adopté une politique d’assainissement du boulevard Nangui Abrogoua et des artères obstrués par les vendeurs ambulants. Après avoir été délogés, ces occupants illégaux des abords de ce boulevard principal ne ratent aucune occasion pour recoloniser ces espaces.

Ce n’est pas la première fois que la mairie d’Adjamé fait déménager ces commerçants, quelque peu enracinés sur cette voie, véritable point de rencontre et d’échanges commerciaux. «Il est interdit à quiconque de mener une activité commerciale le long du boulevard, car ces activités obstruent la voie publique», explique Touré Amara, chef des opérations de la police municipale de la commune d’Adjamé.

«Les commerçants ambulants, c’est un phénomène qui nous fatigue. Ces derniers ont les marchandises dans les mains, ils les vendent mais en même temps bouchent le passage et créent de l’insalubrité sur le boulevard. Lorsqu’ils aperçoivent les agents de la police municipale, ils se mettent à fuir. C’est une sorte de provocation!», déplore-t-il.

Pour les agents de la police municipale, il faut que l’Etat leur confère plus de pouvoirs pour mener à bien ce travail de longue haleine et sévir avec autorité. Touré Amara le confirme: «Aujourd’hui, ces vendeurs ambulants nous assimilent aux vigiles et donc, ils ne nous respectent pas. Ils ne sont même pas inquiétés par nos ultimatums car nous sommes limités dans l’exercice de notre fonction. Pourtant, nous essayons de mettre de l’ordre et assainir les rues d’Adjamé.»

Les responsables de la commune restent formels: ces vendeurs n’ont pas le droit de faire du commerce le long du boulevard Nangui Abrogoua ou d’occuper les artères de la commune. Les contrevenants se font confisquer leurs marchandises. «La mairie fait effectivement son travail, mais le problème se pose au niveau des moyens financiers. Les prix de location des magasins sont exorbitants et nous n’avons pas les moyens pour louer ces magasins. Nous sommes donc obligés de vendre sur le boulevard au risque de notre vie. Nous implorons la mairie de nous laisser travailler», demandent des commerçants ambulants interrogés par Le360 Afrique.

Il ajoutent: «C’est notre gagne-pain. Nous sommes des pères et mères de familles, nous n’avons pas de travail, nous sommes obligés de venir nous débrouiller ici pour pouvoir subvenir aux besoins de nos familles, mais si la mairie nous dépouille à tout bout de champ, vous comprendrez que cela nous met dans une situation difficile.»

En attendant que les uns et les autres comprennent le bien-fondé de ce combat, les opérations engagées par les autorités municipales d’Adjamé contre les vendeurs ambulants permettent aujourd’hui de fluidifier la circulation aussi bien des véhicules que des usagers au niveau du boulevard Nangui Abrogoua et, partant, de donner une nouvelle allure à la commune.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 06/04/2023 à 09h11