Côte d’Ivoire: «Certains n’ont nulle part où aller», le SOS des étudiants expulsés des cités universitaires

Des étudiants expulsés transportent leurs bagages.

Le 15/10/2024 à 12h08

VidéoLes étudiants illégalement logés dans les cités universitaires d’Abidjan ont été déguerpis des chambres suite à l’assassinat d’un membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Un mort de trop dans le rang des étudiants, dans le temple du savoir qui a conduit les autorités à prendre des mesures drastiques que certains étudiants remettent en cause. Reportage.

Le déguerpissement des étudiants «illégalement logés» se poursuit. Le360 Afrique s’est rendu le vendredi 11 octobre 2024 aux cités universitaires de la cité Rouge et cité Mermoz, situées à Cocody. Les responsables du Centre régional des œuvres universitaires (CROU) et les forces de l’ordre présentes sur les lieux laisse comprendre que l’opération de déguerpissement dans ces cités universitaires suit son cours, montrant ainsi l’engagement des autorités aussi bien universitaires qu’étatiques à assainir les cités.

Matelas, portes et d’autres bagages de toutes sortes retirés trainent encore dans les couloirs des cités. Les différents sièges et QG de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) installés dans ces cités, détruits. Certains de ces étudiants désespérés se retrouvent à la rue, d’autres sont retournés dans leurs villages natals. Une situation bien triste.

Cette opération s’inscrit dans une volonté des autorités de réguler l’occupation des logements universitaires et de lutter contre les installations illégales dans les établissements d’accueil. L’intervention musclée intervient après plusieurs plaintes concernant l’occupation anarchique des chambres, souvent par des non-étudiants ou des personnes ne répondant pas aux critères d’attribution alors que des étudiants régulièrement inscrits, n’ont pas la chance d’obtenir un dortoir en cité.

Certains étudiants, bien que leurs chambres ne soient pas concernées, décident de quitter les lieux par crainte: «Notre chambre n’est pas sur leur liste, mais par précaution, ma voisine et moi avons emporté nos affaires essentielles. Le mur est cassé, tout est détruit. Il n’y a plus de sécurité en cité, tout est vide», affirment deux étudiantes au campus 1 de l’université de Cocody.

Trouvant inadmissibles de tels agissements, d’autres pointent également du doigt l’irresponsabilité. «D’autres n’ont vraiment rien et ils sont obligés de venir en cité universitaire pour pouvoir se débrouiller. S’ils ne restent pas dans les cités, ils vont dormir dans les amphithéâtres ou dans la rue pour terminer leur année académique?», s’inquiètent-ils.

Impactés par la décision, des étudiants en appellent à l’humanisme et la clémence des autorités afin de trouver des solutions à cette situation qui affecte l’année académique de plusieurs étudiants qui n’ont nullement où aller.

A l’amorce de l’opération semaine dernière, M. Doh, employé du CROU A1, a expliqué les raisons de cette action, «nous effectuons ce nettoyage pour permettre à d’autres étudiants d’avoir des chambres légalement. C’est mal perçu, mais c’est pour le bien-être des étudiants. Certains occupent ces chambres alors qu’ils travaillent et refusent de les libérer. Ils préfèrent passer par la FESCI pour avoir une chambre. Nous allons bientôt lancer l’admission et la réadmission après cette opération. Ceux qui seront retenus auront les chambres légalement», indique-t-il.

Cette opération de délogement des occupants en situation irrégulière, qui a débuté à Abidjan se poursuit sur un mois, et touchera selon les autorités, les campus des universités des villes de l’intérieur du pays les mois à venir. En attendant, les étudiants expulsés s’en remettent à leur Créateur.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 15/10/2024 à 12h08